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1 mai 2012 2 01 /05 /mai /2012 10:09

Après la publication de notre livre, Fondation Raoul Follereau, la contre-enquête, nous continuons notre analyse des documents, écrits et sources abordant le véritable visage de Raoul Follereau, celui que le clan Récipon aux commandes de la Fondation Raoul Follereau voudrait voir béatifié et canonisé.

Photo-057-A

 

Nous présentons aujourd'hui trois documents extraits du journal L'Œuvre Latine, l'organe de propagande officiel de La Ligue d'Union Latine, ligue fascisante dirigée par Raoul Follereau.

Nous tenons les fichiers en format haute définition à la disposition de ceux qui souhaiteraient les obtenir (romain.gallaud@hotmail.fr).

 

Rappels des faits - recontextualisation

Les documents qui suivent datent de 1934. Ils traitent des manifestations du 6 février 1934 (voir ici la fiche Wikipédia sur le sujet). S'y trouvèrent impliqués les mouvements d'extrême-droite tels l'Action Française et ses Camelots du Roi, les Jeunesses Patriotes, Solidarité française, le mouvement franciste de Marcel Bucard, etc. Dans un genre national sans être réellement fascisant, les Croix-de-Feu étaient également massivement représentés.

Laissons aux historiens le soin de débattre de savoir si cette journée doit être qualifiée de tentative de coup d'État des ligues nationales. Cela ne nous intéresse pas ici.

http://verslarevolution.hautetfort.com/images/6fevrier1934.jpg

 

Toujours est-il qu'en fin de journée, alors que la dispersion des manifestants a déjà été ordonnée, notamment par le chef des Croix-de-Feu, le Colonel de la Roque qui refuse de se prêter à un coup de force, quelques milliers de manifestants se dirigent vers divers lieux de pouvoirs dont l'Assemblée Nationale ; certains s'approchent de l'Élysée ; un incendie est signalé au Ministère de la Marine. Nombreux sont les républicains qui craignent le coup de force des nationaux. La manifestation pacifique dégénère alors en combats de rue avec les forces de l'ordre qui avaient reçu des ordres de fermeté. Saura-t-on un jour qui ouvrit le feu en premier ? Quoiqu'il en soit, le bilan est dramatique : selon le rapport parlementaire, et contrairement aux affirmations de Raoul Follereau, le bilan s'élève à un mort et 1.664 blessés parmi les forces de l'ordre et à 16 morts et 657 blessés parmi les civils.

 

Raoul Follereau, entre xénophobie et antisémitisme

Une fois de plus, nous sommes au regret de pouvoir démontrer les relents de xénophobie et d'antisémitisme qui transpirent des écrits de Raoul Follereau.

Dans plusieurs longs articles, (L'Œuvre Latine, n°78 de mars 1934), Raoul Follereau expose son interprétation des événements :

Photo-061-A"Le 6 février au soir, par masses compactes, derrière leurs drapeaux, les anciens combattants descendaient les Champs-Élysées en chantant... Ceux qui ont sauvé la Patrie, ceux qui font que la France est demeurée la France, ceux qui « ont des droits sur nous » avaient décidé de faire entendre au pays leur voix puissante et pacifique. 
Et leur journée de travail finie, ils avaient pris sur la cheminée ou décroché du mur leurs décorations glorieuses... Ils avaient souri en regardant leur casque de tranchée. Le casque, c'était bon devant l'ennemi. Mais entre Français !
Et, sur leur humble veston, ayant attaché les Croix-de-Feu, les Croix d'honneur, ils s'étaient massés sur l'Avenue triomphale...
Ils l'avaient descendu maintenant. « Unis comme au front », unis comme le jour du triomphe où ils avaient parcouru une première fois la route sacrée. C'était un second retour des forces héroïques."

 

Mais il ne faut guère attendre pour que cesse cette belle narration et pour que pointent la haine de l'extrémiste et sa quête démagogique de coupables bon marché.

En premier lieu, ce sont les institutionnels tant honnis qui font les frais de ses invectives, de ses insultes et de ses propos diffamatoires :

  • "la petite fripouille tapie Place Beauveau" ;
  • "le soi-disant Préfet de Police, sorte de bonne à tout faire qui n'a pas craint de devoir son avancement à l'injuste malheur d'un ami" ;
  • "Feu ! répète-t-on au gardes-mobiles venus on ne sait d'où et qu'on a, paraît-il, gorgé d'alcool", 
  • "il faut vraiment qu'il [Eugène Frot, Ministre de l'Intérieur] aille au fond de l'ignoble et de l'odieux" ;
  • "Et vous, petit Mistler [Jean Mistler, Ministre du Commerce et de l'Industrie] (...), petit arriviste, petit ambitieux, petit vaniteux, petit ... surtout, et vous Pierre Cot [Ministre de l'Air], le fossoyeur des ailes françaises (...) et vous, Guy La Chambre [Ministre de la Marine marchande], élu par les voix modérées qu vous avez trahies, comment payerez-vous ? Car il faut payer maintenant. Car les trente morts [18, en réalité] que vous avez couchés sur la Concorde et les Champs-Élysées ne reposeront pas en paix tandis que justice ne sera pas faite".

Photo-062-APuis, la colère de Raoul Follereau va se porter sur les étrangers qu'il accable de tous les maux :

"Mercredi soir, plus de Gouvernement et plus de Police. Et la rue était livrée au pillage de bandes venues on ne sait d'où et composée en majeure partie d'étrangers [en italique dans le texte original] qui volèrent et pillèrent à l'envi... (...)
Le 6 février marquera une date dans l'Histoire de France. Le peuple - celui qui travaille et qui paie des impôts - [que penser des autres ? Faut-il vraiment se le demander ?] a manifesté son désir d'avoir un gouvernement digne de la Patrie, son dégoût de la politique malfaisante."

Il se fait encore plus précis plus loin :

"Il importe que le monde fasse, dans la tragique semaine de février, trois parts :
Le 6 février : Réveil de la France. Mobilisation spontanée et héroïque de la jeunesse française conduite et encadrée par ses héros. Elle réclame, se bat et meurt pour la dignité et la grandeur de la Patrie.
Le 7 février : Le ministère infâme a glissé dans le sang qu'il a fait couler. Alors, profitant du désarroi de la police et du Gouvernement qui n'est plus, ou n'est pas encore, des APACHES en bandes séparées se répandent sur les boulevards, VOLENT et PILLENT - Chacals, hyènes, charognes, qui reniflent le sang après la bataille.
Le 9 février : Manifestation des Sans-Patries et de l'Anti-France. Au nom de la liberté, on essaie d'incendier deux églises... c'est le dernier sursaut d'une tourbe immonde que le grand souffle regénérateur va balayer.
Telle est l'Histoire."

Photo-063-A.jpg

Et plus loin, plus précis, encore, sur un ton rempli de perfidie cynique :

"Que M. le Préfet de Police nous permette une petite question.
Durant le soir communiste, on a procédé, dit-on, à 1.241 arrestations.
M. le Préfet voudra-t-il nous dire combien il y a d'étrangers dans ce chiffre ?
S'il est vrai que plus de la moitié de ces voyous ne sont pas français ?

Que nombre de ces métèques sont dans des situations illégales, sans permis de séjour ?
Voilà des précisions qui feraient plaisir aux honnêtes gens.
Berlin et Moscou ne se contentent plus d'envoyer leur or aux mauvais
français. Ils y joignent maintenant à la faveur d'un exil, sous des prétextes de race ou de confession, les cadres de l'armée du crime.

Evidemment, pour eux, ce n'est pas difficile de tirer sur des Français... Et puis il faut bien se maintenir en forme, n'est-ce pas ?
Qu'on débarrasse la France de cette pourriture et vite !
Quant aux Français communistes, c'est bien simple. Puisque tout va mal ici, puisqu'ils sont si odieusement exploités, et que d'autre part, tout va si bien à Moscou, qu'ils y partent donc au plus tôt". 

 

 

« Qu'on débarrasse la France de cette pourriture, et vite ! »

http://www.bedetheque.com/Couvertures/RaoulFollereau1a_13052009_143930.jpgChacun pourra réaliser la profonde dimension évangélique des appels de Raoul Follereau, celui que la Fondation Raoul Follereau prétend aujourd'hui faire passer pour le "Vagabond de la Charité".

Ces exilés, "cadres de l'armée du crime", dont Raoul Follereau dénonce les "prétextes de race ou de religion" sont les juifs étrangers, qui trouvent en France, en ce milieu des années trente, un havre de paix.

Havre de paix temporaire car le 6 février 1934 préfigure le 10 juillet 1940.

Le régime de Vichy sera la concrétisation pratique des appels antisémites et xénophobes de Raoul Follereau, ce "souffle regénérateur" : traque des maçons, des socialo-communistes et des juifs.

Car, nous indique Raoul Follereau, il fallait bien débarrasser la France de "cette pourriture", de ces "métèques", de ces "étrangers", de cette "tourbe immonde", de ces voleurs et pillards, tous des "Chacals, hyènes, charognes, qui reniflent le sang après la bataille", ...

 

 

 

 

 

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