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20 juillet 2011 3 20 /07 /juillet /2011 16:30

 

C'est Bruno Gollnish, membre du bureau politique du Front National, ex-dauphin de Jean-Marie Le Pen, qui l'affirme ...

 

http://www.gollnisch.com/2011/07/19/la-nebuleuse-communiste-face-au-cas-andre-gerin/

 

Mais, ce que monsieur Gollnish ne dit pas, c'est qu'au-delà de ses opinions personnelles, Raoul Follereau se fit l'avocat du pétainisme et de la Révolution Nationale du Régime de Vichy, mulipliant les conférences de soutien dans toute la France non-occupée.

 

Ce qu'il ne dit pas non plus, c'est que pétainiste il fut, mais surtout, et c'est plus grave, pétainiste il demeura.

 

Bien sûr, dix ans plus tard, Raoul Follereau se fera fort de se faire passer pour celui qui a consacré sa vie - toute sa vie - à la cause des lépreux ...

 

Et naturellement, la Fondation Raoul Follereau omet cette facette du personnage dans son apologie du grand homme.

 

Ce qui n'empêche pas André Récipon, fondateur de la Fondation Raoul Follereau, actuel président d'honneur et membre du conseil de surveillance, de tresser des lauriers au Maréchal Pétain ... ainsi qu'à Pierre Laval ...

 

Pour en savoir plus sur l'imposture Follereau, lisez notre livre gratuit "Fondation Raoul Follereau, la contre-enquête" disponible gratuitement ici.

 

 

 

 

 

 

 

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10 avril 2011 7 10 /04 /avril /2011 13:20

 

Retrouvez cet article mis à jour dans notre livre PDF gratuit.

 


Nous sommes en avril 1943.

Raoul Follereau aura 40 ans dans quelques semaines.


http://files.myopera.com/Prayerman/blog/follereau.jpgPour la première fois de sa vie, celui qui prétendra plus tard avoir consacré toute sa vie à la défense des lépreux anime une conférence à Annecy dans le but de collecter des fonds pour le financement d'un projet de  village à Adzopé, en Côte d'Ivoire. Selon l'histoire "officielle" de Raoul Follereau - celle promue par la Fondation homonyme et ses hagiographes autorisés - cette conférence d'avril 1943 marque les débuts concrets de sa vocation d'"Apôtre des Lépreux".

 

Pourtant, une analyse plus approfondie du contexte nous amène à relativiser le propos : si, effectivement, le projet d'Adzopé présentait une dimension généreuse et caritative incontestable, il présentait aussi (et surtout ?) aux yeux de Raoul Follereau une dimension politique extrêmement forte, à ce point qu'il est possible de se demander si ce qui intéresse Raoul Follereau, c'est le sort des lépreux, ou bien la contrepartie politique qu'il attend en retour de l'aide qu'il leur apporte.

 

Cette confusion où des moyens d'ordre culturels ou religieux sont mis au service d'une finalité politique, essentiellement ultranationaliste, n'est pas nouvelle. Elle est même constante, dans la vie de Raoul Follereau. Cela mérite quelques brefs rappels.


Rappels des initiatives à finalité ultranationaliste de Raoul Follereau

http://mesi07.com.ar/Medallas/M1632.jpgLorsqu'en 1930 Raoul Follereau expose sa doctrine politique, largement inspirée par le maurrassisme (voir ici sa filiation intellectuelle avec Charles Maurras) et le fascisme italien (voir ici son idolâtrie pour Benito Mussolini), il expose comment La Ligue d'Union latine qu'il a fondée avec quelques camarades (dont Michel Rameaud, futur beau-père d'André Récipon), a pour ambition, derrière un objectif officiel d'ordre littéraire et artistique, de promouvoir des conceptions réactionnaires et ultracléricales situées très à droite sur l'échiquier politique de l'époque : antiparlementarisme, antiprotestantisme, ultramontanisme, lutte farouche contre l'héritage de 1789, mais également contre les libéraux, les socialistes, les radicaux, les francs-maçons, pour la restauration des valeurs conservatrices telles Dieu & la Patrie, la Famille, le Travail, etc... (voir ici notre article sur la pensée politique de Raoul Follereau). Déjà, à l'époque, Raoul Follereau revendique l'utilisation de l'art, de la musique, du cinéma ou de la littérature comme des outils au service d'une finalité parfaitement assumée de "propagande française".

En 1931, lorsque Raoul Follereau revient de son voyage en Amérique du Sud, il s'investit massivement dans la création de bibliothèques françaises gratuites à l'étranger dans le but assumé de mieux faire connaître "sa" France, la "vraie" France, autrement dit, le "pays réel" cher à Charles Maurras, celui dont Étienne Thévenin affirme avec raison qu'il fut le "maître à penser" de Raoul Follereau. Pour cela, Raoul Follereau n'hésite pas à trier les ouvrages destinés à être envoyés à l'étranger "d'un point de vue national et moral" et qualifie lui-même son œuvre de "propagande française" (voir ici le résumé de sa vie entre 1925 et 1940).

http://www.africamission-mafr.org/image3/foucauld001.jpgEn 1937, le thème de la latinité s'essouffle. Alors qu'il revient d'un pèlerinage effectué sur les traces de Charles de Foucauld à la suite d'un cycle de nombreuses conférences en Algérie au cours desquelles nous avons démontré qu'il tenait des propos antisémites (ici), Raoul Follereau crée les Fondations Charles de Foucauld et utilise la notoriété grandissante de ce dernier pour promouvoir la présence coloniale française en Afrique et plus particulièrement au Sahara ("Église française du Sahara"). Pour Raoul Follereau, les missionnaires catholiques français, tout comme les colons et les militaires, sont les héros de la "vraie" France car ils portent le drapeau tricolore et le croix en "terre barbare". Nous avons vu que plus tard, Louis Massignon qualifiera Raoul Follereau dans ses correspondances privées de "marchand du temple" et lui reprochera de détourner le véritable message spirituel du Père de Foucauld à des fins strictement politiques (voir notre article ici).

A partir de 1940, Raoul Follereau est convaincu, comme le maréchal Pétain, que la défaite française de mai/juin est la conséquence directe de ce qu'il estime être le délitement moral et intellectuel de la France initié par la Révolution française de 1789. Raoul Follereau multiplie alors les conférences de soutien au maréchal Pétain (entre autres : Ce que le monde doit à la France, mais également des conférences sur Charles de Foucauld et la présence française dans le Sahara, etc.) au cours desquelles il se fait l'avocat des "principes moraux de la Révolution Nationale" dans le but de contribuer, lui aussi, au "redressement national" impulsé par le régime de Vichy. C'est dans ce contexte de "redressement national" que les premières actions de Raoul Follereau en faveur d'Adzopé s'inscrivent (voir ici les liens entre Raoul Follereau et le pétainisme).


Adzopé à l'ombre du régime de Vichy

http://www.web-libre.org/medias/img/articles/17e23e50bedc63b4095e3d8204ce063b-2.jpgRaoul Follereau connait l'ordre des Sœurs Missionnaires de Notre-Dame des Apôtres depuis la fin des années trente. En 1942, après avoir vécu quelques temps à Lamastre, en Ardèche, (qui se trouve être, comme par hasard, dans le fief électoral d'un autre national-catholique comme lui, Xavier Vallat, antisémite notoire, Commissaire Général de l'Institut aux Questions Juives du régime de Vichy de l'époque), Raoul Follereau se retrouve employé en qualité de jardinier chez les Sœurs Notre Dame des Apôtres, dans un de leur couvent de métropole situé dans la banlieue lyonnaise, à Vénissieux.

Or, depuis la fin des années trente, la supérieure, la Révérende Mère Eugénia, a entrepris un ambitieux chantier en Côte d'Ivoire : construire à Adzopé un village réservés aux malades atteints de la lèpre. La lèpre est alors une maladie aussi dramatique qu'incurable. La lèpre est aussi une maladie socialement honteuse dont nul ne sait réellement si elle est contagieuse ou pas. Les lépreux sont donc victimes de mesures d'isolement et d'exclusion qui les condamnent inéluctablement à la honte et à une fin de vie miséreuse.

http://storage.canalblog.com/16/99/249840/15813691_p.jpgSelon la geste "follereauienne", c'est lors d'une conversation avec Mère Eugénia au cours de laquelle cette dernière lui confiait ses difficultés à collecter l'argent dont elle avait besoin pour son projet de village que Raoul Follereau lui aurait répondu: "l'argent, je m'en occupe".

 

Il faut dire que collecter de l'argent, Raoul Follereau sait faire. Conférencier hors pair, il connait les ficelles de l'art oratoire pour séduire, émouvoir et convaincre son auditoire. Ses talents de tribun sont unanimement salués. C'est d'ailleurs devenu son gagne-pain : depuis le début des années trente, Raoul Follereau multiplie les interventions partout où on l'invite sur des thèmes aussi variés que son voyage en Amérique du Sud, la Grèce, l'Espagne ou l'Italie, toutes trois qualifiées de "foyer de notre race", la légende du Parnasse, la psychologie de l'esprit latin, l'épopée de l'Aéropostale de Mermoz, le Chevalier du Ciel, Charles de Foucauld, ce "Chevalier des Sables" qui porte haut le drapeau national et le croix, etc.

 

Pour bien saisir le sens profond des conférences de Raoul Follereau, il convient de revenir sur ses convictions politiques. Raoul Follereau fait partie des "nationaux-catholiques" sous influence maurrassienne qui sont animés par une certaine vision de la France où Croix et Drapeau sont indissociables. Pour les partisans de cette tendance, la France ne fut belle et glorieuse que jusqu'en 1789, date à partir de laquelle elle a renié sa mission mystique et catholique : être la fille aînée de l'Église sous la direction d'un monarque de droit divin oint de l'huile sainte obtenue miraculeusement par l'évêque saint Rémi lors du baptême de Clovis.

http://www.babelio.com/users/AVT_Charles-Maurras_4401.jpegIl en résulte, dans l'esprit de Raoul Follereau, que la France ne peut plus être que catholique, blanche et expansionniste. Elle a reçu pour mission d'étendre la civilisation latine dont elle serait, selon Raoul Follereau, la meilleure héritière. D'où sa Ligue d'Union latine qui a pour objet de lutter "contre toutes les barbaries et tous les paganismes" tels l'athéisme, l'individualisme (notamment d'inspiration germanique, inspiré par Luther), le libéralisme anglo-saxon, la franc-maçonnerie, toutes celles et tous ceux qui sont victimes ou auteurs des théories du siècle des Lumières ou encore du complot israélite visant à prendre possession du monde par l'intermédiaire des bolcheviques, ... bref ... l'Anti-France de Charles Maurras.

Le régime de Vichy reprend l'essentiel de cette idéologie. Il faut reconnaître qu'une partie importante des catholiques français, notamment certains prélats, verront d'un bon œil l'avènement, en 1940, du régime de Vichy. Rien d'illogique là dedans. Le maréchal Pétain jouit d'un immense prestige. À l'exception de Franchet d'Espérey dont les capacités physiques et intellectuelles sont très diminuées, il est le dernier maréchal de la première guerre encore en vie et la propagande se fera fort de le faire passer pour LE vainqueur de Verdun (ce qui est discuté d'un point de vue historique). Son régime bénéficie en outre d'une apparence de légitimité après le vote des pleins pouvoirs par les parlementaires réunis à Vichy, le 10 juillet 1940.

 

Il convient également de souligner que les catholiques français, particulièrement les plus radicaux, ont encore en mémoire les luttes religieuses d'avant 1914. L'instauration par le maréchal Pétain d'un régime qui, selon toute probabilité, leur sera moins défavorable que les gouvernements successifs de feu la IIIème République va donc naturellement dans le sens de leurs attentes. Ces circonstances amènent Monseigneur Gerlier, archevêque de Lyon à affirmer, en novembre 1940, que "Pétain, c'est la France et la France, c'est Pétain". Ce qui ne l'empêchera pas, moins de deux ans plus tard, en septembre 1942, lorsque l'illusion pétainiste se sera dissipée, de protester officiellement contre les rafles auxquelles les Juifs sont exposés et de prendre par la suite diverses initiatives pour leur sauvetage. D'ailleurs, il recevra à titre posthume la médaille des Justes en 1980.

Raoul Follereau, lui n'est pas catholique. Il est national-catholique. Sa fidélité au maréchal restera donc intacte, à l'image de celle de son fils spirituel, André Récipon, fervent pétainiste encore de nos jours (voir nos articles ici et ici) malgré l'indignité et l'ignominie dans lesquelles se vautrera, dès 1940, le régime de Vichy.

 

Or, il faut savoir qu'avant que Raoul Follereau ne s'y penche, le régime de Vichy avait déjà soutenu le projet de Mère Eugénia. Cela peut expliquer pourquoi Raoul Follereau bénéficie, pour ses conférences de 1943 et 1944, du total soutien matériel et logistique des autorités en place.


http://img.over-blog.com/300x435/2/45/42/71/philippe-4/22-copie-140.jpgC'est donc avec le soutien du régime de Vichy, et en totale conformité avec ses convictions politiques que nous venons de résumer, que Raoul Follereau entreprend de montrer le "vrai visage de la France" comme il le dit souvent lui-même. Or, nous l'avons vu, "sa" France ne peut être que catholique. Elle se doit donc d'être généreuse. Le projet d'Adzopé tombe pour ainsi dire à pic : Raoul Follereau va s'en saisir pour démontrer que la vraie France, la France de Vichy, celle de la collaboration prônée par Charles Maurras, est généreuse et charitable. La France de Vichy aime son prochain, la France de Vichy aide les lépreux. Voilà toute l'ambiguïté des conférences de Raoul Follereau : apparemment généreuse, son action s'inscrit dans une démarche globale de propagande qui vise à promouvoir de façon subliminale des conceptions politiques nauséabondes, initialement vichystes puis, comme nous le verrons ci-dessous, colonialistes.

 

Cette dualité d'objectifs particulièrement ambigüe va protéger Raoul Follereau. Ainsi, à la Libération, il ne sera pas inquiété contrairement à certains de ses amis. Dorénavant, écrit Etienne Thévenin, Raoul Follereau prendra soin de taire ses convictions politiques et ne se risquera plus à exprimer trop ouvertement ce qu'il pense.

 

Nous allons cependant voir que son combat pour le village d'Adzopé se poursuit tout au long des années quarante et présente, à nouveau, des signes flagrants de l'utilitarisme politique que Raoul Follereau recherche à travers ses initiatives culturello-caritatives.

 

 

Adzopé : la cause des lépreux dévoyée au service d'une stratégie colonialiste

Nous avons eu la chance de pouvoir mettre la main sur un document datant probablement de la fin des années quarante (le document n'est pas daté précisément). Ce document nous a très largement inspirés pour la rédaction de cet article. Il s'agit d'un fascicule que nous avons scanné et que vous pouvez lire en ligne dans son intégralité ici.

http://htmlimg2.scribdassets.com/3yr8khxr9cx13f4/images/1-17fe0284bf.jpg

 

La lecture de ce document rédigé par Raoul Follereau est édifiante et illustre remarquablement de quelle façon le projet caritatif d'Adzopé est utilisé par Raoul Follereau dans le cadre de ses convictions nationalistes et colonialistes.

 

Tout d'abord, la page de couverture mérite quelques mots car elle est riche de symboles. On y voit le contour du continent africain entouré des couleurs bleu-blanc-rouge du drapeau français. Au cœur de cette Afrique sur fond tricolore, ressort la Croix. D'ores et déjà, la symbolique qui caractérise les idées ainsi que le parcours national-catholique de Raoul Follereau est présent : Dieu et Patrie ou autrement, dit, le Drapeau et la Croix. Comme une synthèse, le slogan qui figure en bas de page récapitule l'ensemble : "La ville de la Charité Française".

 

La première partie (pages 2 à 11) de ce document est strictement caritative. Ici réside toute la noblesse et toute la beauté du projet porté par les Sœurs missionnaires de Notre-Dame des Apôtres. C'est cette dimension là que les hagiographes de Raoul Follereau souhaiteraient retenir comme si elle était exclusive de toute autre lecture.

 

C'est la seconde partie qui révèle que ce projet caritatif s'inscrit dans une stratégie colonialiste.

 

Déjà, en page 10, des prémisses se laissent entr'apercevoir. Raoul Follereau y écrit :

 

"Ainsi se poursuit au cœur de notre Afrique une belle œuvre chrétienne et française".

 

Nous pouvons d'ores et déjà relever le déterminant possessif "notre Afrique" qui exprime bien l'idée que l'Afrique est une terre où les Français sont chez eux. Nous relevons également l'usage immodéré de l'adjectif "français". Car, pour Raoul Follereau, Adzopé n'est pas la "ville de la Charité" tout court. Non. Pour Raoul Follereau, Adzopé est la ville de la "Charité française". Adzopé est donc une œuvre avant tout "française". Il est important, pour Raoul Follereau, que les gens sachent que c'est la France qui est à l'œuvre ici.  Autrement dit, Raoul Follereau ne travaille ni pour Dieu, ni même pour les lépreux. Avant toute chose, son objectif est la gloire de la France, de sa France. Les pages suivantes vont confirmer et accentuer le trait.

 

Page 11, Raoul Follereau rappelle la vocation mystique et missionnaire qui incombe à "sa" France, fille aînée de l'Église :

 

"De 1943 à 1946, plus de 150.000 Français ont participé à l'érection d'Adzopé. Par eux, le monde aura compris, et l'histoire enregistrera, que la France (...) n'a point renoncé à sa mission civilisatrice, à son apostolat missionnaire"

 

Raoul Follereau rappelle ainsi l'œuvre entreprise sous le régime de Vichy (cf. supra nos propos sur le sujet ci-dessus).

 

Page 12, Raoul Follereau explique que les maisons du village d'Adzopé, appelées pavillons, seront organisées et nommées de telle façon que l'ensemble représente une carte miniature de la France métropolitaine :

 

"À Adzopé, toutes les villes de France seront présentes. Sur chacun des pavillons s'inscrira le nom d'une cité française qui l'aura offert à l'occasion d'une de nos conférences. Et ils seront groupés de telle sorte que le Pavillon de Lille se trouvera à la pointe nord de la ville des lépreux, celui de Marseille au sud, ceux de Bretagne, à l'ouest, ceux de l'Alsace, à l'Est. Ainsi referons nous idéalement, au cœur de l'Afrique noire, une carte de France, une image symbolique de la Mère-Patrie, où chaque maison sera une ville de chez nous et chantera le même cantique de notre charité".

 

Le paragraphe qui précède, et plus particulièrement la dernière phrase illustre bien l'ambition de Raoul Follereau : implanter la France, la Mère-Patrie, au cœur de l'Afrique noire, y compris via les noms attribués aux pavillons dont la disposition générale doit refléter la France métropolitaine. Il illustre tout aussi clairement la contrepartie que Raoul Follereau attend des bénéficiaires de sa générosité : "chaque maison chantera le cantique de notre charité". Car la générosité de Raoul Follereau n'est que rarement désintéressée.

 

Faisant écho à la notion de Mère-Patrie à laquelle il vient de faire référence, Raoul Follereau continue son idée, quitte à verser dans le paternalisme :

 

"Et les lépreux sentiront davantage qu'ils sont les fils adoptifs de la France."

 

Cette phrase n'est pas anodine et démontre le complexe de supériorité dont souffre Raoul Follereau. En effet, Raoul Follereau est convaincu, depuis longtemps déjà puisque cet élément se trouve déjà dans ses conférences de 1930, que la civilisation latine dont la France serait la meilleure représentante est la forme suprême de civilisation et qu'aucune ne lui est comparable (voir ici la doctrine politique de Raoul Follereau). C'est donc habité par cette conviction d'être le représentant d'une civilisation supérieure que Raoul Follereau se porte auprès des peuples africains et s'adresse à eux comme s'il s'agissait de peuplades inférieures.

 

Selon cette idéologie colonialiste fortement marquée par les théories raciales de la fin du XIXème siècle, il incombe à l'homme blanc, du fait de sa supériorité civilisationnelle, de se préoccuper du sort des autres. En contrepartie de cette "générosité", l'être inférieur se doit d'être reconnaissant et de manifester sa déférence vis-à-vis de son bienfaiteur. Ainsi, en page 14, une photographie retient notre attention. Nous pouvons y voir des enfants, alignés en deux rangées face au drapeau français. Avec, en légende :

 

"Inauguration des pavillons provisoires d'Adzopé. Le salut aux couleurs par les enfants du village"

 

Cet élément d'information doit être mis en lien avec une autre information que nous trouvons plus tard dans le fascicule (pages 17 et 18) : au centre du village, point de convergence de tous les axes et de toutes les attentions, trône la statue de Notre Dame. Encore un rappel du Drapeau et de la Croix. Pour que les petits lépreux sachent bien, tous les jours de leur vie, qui sont ici les maîtres. Pour Raoul Follereau, l'Afrique n'appartient pas aux africains. Pour lui, ces pauvres petits africains doivent allégeance à la France pour la remercier de les avoir sauvés.

 

Dans la même page (17), Raoul Follereau insiste sur le fait que le projet d'Adzopé n'est pas un projet caritatif comme les autres mais avant tout un acte politique :

 

"Pour chacun [RF parle ici des donateurs français], Adzopé doit être un acte de Foi dans les destinées nationales et apostoliques de la France"

 

Rappelons-nous bien, en lisant cette phrase et plus particulièrement les mots "destinées nationales de la France" que c'est un maurrassien qui écrit, avec tout ce que cela suppose comme définition de la "vraie France" (le "pays réel"), et, a contrario, de l'Anti-France.

 

Plus loin, pages 19 & 20, Raoul Follereau poursuit :

 

"Groupés autour de la statue de Notre-Dame des Apôtres, les lépreux d'Adzopé nous attendent. Ils tournent leurs yeux pleins de tendresse et de confiance vers la Grande Dame, l'Immaculée qui est venue de France pour régner sur sa terre française. Puis leurs regards se portent, au delà des sables et des océans, vers la Mère-Patrie, vers le pays béni d'où leur sont arrivées celles qui disent : "Nos Frères Les lépreux"."

 

Relevons au passage la nouvelle mention de l'Afrique, "terre française" précédée du déterminant possessif "sa Terre française" et la désignation de la France sous l'appellation "Mère-Patrie". De façon plus générale, nous retrouvons l'amalgame, permanent chez Raoul Follereau, entre sa Foi catholique et sa Foi patriotique. Raoul Follereau ne fait aucune différence entre les deux tout simplement parce que, selon lui, il n'existe aucune différence entre les deux. Pour Raoul Follereau, les qualités de Français et de catholique sont indissociables.

 

Relevons également le phénomène d'appropriation patriotique de la Vierge Marie. Pour les catholiques, la mère du Christ est, d'un point de vue strictement généalogique, une juive descendante de la maison de David,  Roi d'Israël. Elle devient, sous la plume de Raoul Follereau, "l'Immaculée qui est venue de France pour régner [en Afrique] sur sa terre française". Raoul Follereau fait probablement allusion aux apparitions mariales de Lourdes ("Que soy era immaculada councepciou" y dit-elle à Bernadette) mais son national-catholicisme lui fait oublier qu'il existe de nombreux autres lieux d'apparition mariale ailleurs qu'en France.

 

Toujours page 20, nous lisons à nouveau l'éternelle reconnaissance dont sont redevables ces bénéficiaires de la générosité "française" :

 

"Et les lépreux [une fois le don des Français reçu] (...) lèveront les yeux pleins de larmes vers le drapeau de la France qui flottera au-dessus d'Adzopé et qui, une fois encore, aura apporté dans ses plis la civilisation chrétienne faite de justice, d'amour et de fraternité."

 

Pour apprécier à leur juste valeur les notions de "justice, d'amour et de fraternité" de la France nationale de Raoul Follereau, vous pouvez utilement vous référer à la doctrine proférée par André Récipon, héritier spirituel choisi par Raoul Follereau en personne et futur fondateur puis président d'honneur de la Fondation Raoul Follereau (lire notre article ici).

 

Pour finir ces extraits, citons un dernier passage qui figure page 24 :

 

"Miracle de la charité française, infatigable, sans cesse nouvelle et plus vivante, Vertu, Grandeur et Gloire de la France".

 

Éloquente conclusion que nous sommes heureux de trouver sous la plume de Raoul Follereau : "Vertu, Grandeur et Gloire de la France". Voilà la véritable finalité ultranationaliste poursuivie par Raoul Follereau.

 

 

La véritable charité est un acte gratuit et désintéressé

L'initiative de Raoul Follereau peut paraître louable, a priori.

 

Pourtant, nous la trouvons particulièrement ambigüe du fait de la motivation politique sous-jacente et des contreparties attendues. Plus insidieuse que la colonisation par les armes ou par la force, la colonisation par la charité est l'arme de Raoul Follereau pour asseoir la puissance française en Afrique.

Nous voyons bien dans ce document que, pour Raoul Follereau, le projet d'Adzopé doit être le moyen de glorifier la France, de faire rejaillir sur les missionnaires français une éternelle reconnaissance. et d'asseoir la présence de la France, de son Drapeau et de sa Croix, en terre africaine.


La charité de Raoul Follereau n'est pas pure parce qu'elle n'est pas gratuite, elle n'est pas désintéressée. La Charité de Raoul Follereau a pour effet de rendre débiteur le bénéficiaire.

Sans doute que Raoul Follereau aurait eu intérêt à méditer davantage cette phrase tirée de la Bonne Nouvelle selon saint Matthieu : 

 

"Quand donc tu fais l'aumône, ne fais pas sonner de la trompette devant toi, comme le font les hypocrites dans les synagogues et dans les rues afin d'être glorifiés par les hommes ; en vérité, je vous le dis, ceux-là ont reçu leur récompense. Pour toi, quand tu fais l'aumône, que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta main droite afin que ton aumône soit dans le secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra." (Matthieu, VI, 2-4).

 

 

 

La léproserie d'Adzopé honore-t-elle la mémoire du maréchal Pétain ?

Nous achevons cet article sur un élément dont nous ne sommes malheureusement pas certains en l'état actuel de nos recherches mais que nous livrons pour information à nos lecteurs. Si certains d'entre eux disposent d'informations utiles sur ce sujet, elles seront bien entendu les bienvenues.

 

En pages 18 et 19 du livret, une carte du village d'Adzopé est reproduite. Vous pouvez trouver ce plan en téléchargement ici.


 

Extract03.jpg

 

Le village est organisé de façon très géométrique. Au centre, la statue de Notre-Dame des Apôtres trône au milieu d'une place à partir de laquelle partent huit boulevards. Chacun de ces huit boulevards est bordé de chaque côté par deux rues.

 

A l'extrémité d'un des huit boulevards, légèrement à l'extérieur du village, cinq bâtiments sont prévus :

- une église ;

- la maison des Sœurs ;

- une école nommée Michel Rameaud (du nom de l'ami de Raoul Follereau, cofondateur avec lui de La Ligue d'Union latine chez lequel Raoul Follereau a vécu durant la première partie de la seconde guerre mondiale) ;

- une léproserie / dispensaire au nom de Raoul Follereau ;

- une maternité dont le nom est illisible.

 

Les 16 rues qui longent les 8 boulevards portent des noms de saints de l'église catholique :

- dix des douze apôtres : Simon-Pierre, André, Jacques, Jean, Matthieu, Barthélémy, Thomas, Simon, Philippe, Thaddée (un seul Jacques alors qu'ils sont deux et ni Judas, naturellement, ni Matthias nommé pour le remplacer) ;

- sainte Marie ;

- saint François-Xavier ;

- saint Paul ;

- sainte Marie-Madeleine ;

- sainte Jeanne d'Arc ;

- sainte Catherine.


Les huit boulevards, eux portent les noms suivants, dont certains sont encore vivants :

- Raoul Follereau (oui, Raoul Follereau est le seul à bénéficier de deux mentions dans le projet ...) ;

- le pape Pie XII ;

- sainte Thérèse de l'Enfant Jésus ;

- Monseigneur Jean-Baptiste Boivier (prélat français de Côte d'Ivoire de l'époque) ;

- Père Augustin Planque (fondateur des Sœurs missionnaires Notre-Dame des Apôtres) ;

- Charles de Foucauld ;

- Vénissieux (ville du couvent où les Follereau logèrent pendant la guerre à partir de fin 1942) ;

- le dernier est malheureusement difficilement lisible : voici la partie correspondante scannée et grossie :

 

Extract01.jpg

 


Il est difficile de lire, néanmoins, nous avons une petite idée ...

 

Extract02

 

Rappelons juste que ce fascicule date de la fin des années quarante. Bien après la guerre. Néanmoins, quand on connait Raoul Follereau et sa fidélité toujours maintenue à ses convictions pétainistes, l'hypothèse est plus que sérieuse ... Si un de nos lecteurs connait a la solution à cette énigme de ce si mystérieux huitième boulevard, qu'il n'hésite pas à nous contacter.

 

 

 

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28 mars 2011 1 28 /03 /mars /2011 14:54

 

Retrouvez cet article mis à jour dans notre livre PDF gratuit.

 

 

 

http://www.librairietequi.com/I-Miniature-1100-combat-pour-la-charite.aspx

Nous avons vu, lors d'un article précédent (ici) comment la famille Récipon (André, à droite, puis Michel, son fils, ci-dessous) a réussi à verrouiller la gouvernance de la Fondation Raoul Follereau, au mépris du principe d'indépendance pourtant prescrit par la réglementation en vigueur, afin d'en faire "leur" Fondation, instaurant ainsi une véritable monarchie caritative héréditaire.

 

http://www.raoul-follereau.org/jml/jml2007/img/mrecipon.jpg

Nous y avons exposé que ce contrôle familial des rênes de la Fondation Raoul Follereau avait été obtenu grâce à la répartition des sièges de son conseil de surveillance entre les membres fondateurs d'une part et les membres désignés par l'association des Amis de la Fondation Raoul Follereau.

 

Nous avons depuis pu obtenir trois documents très utiles pour notre contre-enquête car ils nous permettent de confirmer et de préciser notre analyse.

 

Il s'agit :

- de la copie des statuts de l'association des Amis de la Fondation Raoul Follereau ;

- de la composition actuelle du bureau de l'association des Amis de la Fondation Raoul Follereau;

- de la liste des membres fondateurs de l'association des Amis de la Fondation Raoul Follereau.

 

http://objectifmadagascar.free.fr/images/logo_raoul.gif

 

 

L'AFRF, héritière de ... l'AFRF

 

Dans notre article précédent sur ce sujet (ici), nous signalions que l'AFRF (ancienne dénomination : "Association Française Raoul-Follereau") désignait, historiquement, l'association-mère créée par Raoul Follereau en 1968 afin de perpétuer son "œuvre".

 

Cette association "AFRF" s'inscrivait dans la droite (extrême-droite ?) ligne des entités antérieures crées et animées par Raoul Follereau durant sa vie : Ordre de la Charité (1946), Fondations Charles de Foucauld (1937), Ligue d'Union latine (1927).

 

L'article 1 des statuts de l'AFRF (dans sa nouvelle dénommination : "association des Amis de la Fondation Raoul Follereau") rappelle l'historique de l'AFRF :

 

"Il continue d'exister une association régie par la loi du 1er juillet 1901 (...) entre les personnes ayant adhéré aux statuts, dans l'esprit de l'Ordre de la Charité voulu par Raoul Follereau, tels qu'ils ont été établis originellement par acte de Maître Bonsergent, notaire à Paris, les 27 et 28 mars 1968 et modifiés par l'Assemblée Générale du 15 juin 2002, puis du 3 décembre 2005, et les personnes qui y adhéreront par la suite"

 

La filiation est clairement identifiée : l'association des Amis de la Fondation Raoul Follereau est l'héritière directe de l'Association Française Raoul-Follereau fondée par André Récipon en 1968 par la volonté de Raoul Follereau.

 

La modification des statuts de 2002 fait suite au scandale qui a été provoqué par la divulgation, par le Canard Enchaîné et par Radio France International, du rapport explosif de l'IGAS (voir à ce sujet notre bibliographie).

 

La modification de 2005 correspond à l'opération d'apport des activités caritatives autrefois portées par l'AFRF qui seront, à partir de cette date, exclusivement portées par la Fondation Raoul Follereau.

 

Puis, début 2007, l'AFRF déclare au journal officiel son changement de nom, prenant pour nouveau nom : association des Amis de la Fondation Raoul Follereau.

 

Nous allons démontrer ci-après que l'association des Amis de la Fondation est une coquille juridique sous le contrôle de quelques uns qui détiennent déjà le contrôle de la Fondation Raoul Follereau (et réciproquement).

 

 

L'AFRF : des membres fondateurs étroitement liés à la Fondation Raoul Follereau

 

L'association des Amis de la Fondation Raoul Follereau compte 8 membres fondateurs. Initialement, il s'agissait de huit personnes désignées par Raoul Follereau. Cependant, il convenait de conserver intact ce bloc de huit membres fondateurs. Une clause de cooptation est ainsi prévue : en cas de décès, exclusion ou démission de l'un d'eux, ce sont les autres membres fondateurs qui cooptent un successeur. Ainsi, l'AFRF compte pour toujours 8 membres fondateurs, qu'ils le soient depuis les débuts de l'AFRF ou qu'ils aient été cooptés.

 

Selon la liste qui nous a été remise, les huit membres fondateurs de l'association des Amis de la Fondation Raoul Follereau sont les personnes suivantes :

 

- Monsieur Michel Récipon

Il se trouve être membre du conseil de surveillance de la Fondation Raoul Follereau au titre des membres fondateurs de la Fondation Raoul Follereau ainsi que président du directoire (nous avons vu, d'ailleurs, que ce cumul est contraire à la réglementation en vigueur, voir notre livre PDF sur ce point).

 

- Monsieur Pierre-Yves Thiebault (profession : médecin généraliste)

Il se trouve être également membre du conseil de surveillance de la Fondation Raoul Follereau au titre des membres fondateurs de la Fondation Raoul Follereau.

 

- Monsieur Alain Morisot (profession : banquier, gérant de patrimoine)

Il se trouve être non seulement membre du conseil de surveillance de la Fondation Raoul Follereau au titre des membres fondateurs de la Fondation Raoul Follereau mais aussi président de ce conseil de surveillance.

 

- Monsieur Dominique Gerard (profession : banquier, conseiller en gestion de fortune)

Il se trouve être, lui aussi, membre du conseil de surveillance de la Fondation Raoul Follereau au titre des membres fondateurs de la Fondation Raoul Follereau.

 

Autrement dit, il résulte à ce stade de notre liste, que les quatre représentantes du collège des fondateurs au conseil de surveillance de la Fondation Raoul Follereau sont également membres fondateurs de l'association des Amis de la Fondation Raoul Follereau. La suite n'est pas moins intéressante, car la liste des membres fondateurs de l'AFRF mentionne également :

 

- Messieurs Marc Gentilini et Jean-Maris Le Méné

Ils sont membres d'honneur du conseil de surveillance de la Fondation Raoul Follereau.

 

- Monsieur Eric des Grottes (gérant de société)

Il se trouve être membre du conseil de surveillance de la Fondation Raoul Follereau, mais, en ce qui le concerne, au titre du collège des membres dits qualifiés. Rappelons ici que les membres dits qualifiés sont des personnes censées avoir été sélectionnées pour leur expertise et leurs compétences dans le domaine d'activité de la Fondation concernée. Monsieur des Grottes est gérant de société, notamment d'une société de publicité / communication nommée Egga (voir son site internet : www.egga.fr).

 

Enfin, le huitième et dernier membre fondateur de l'AFRF est un dénommé Jean-Daniel Jouanneault, dont la profession est : responsable Organisation et Système d'information.

 

Pour mémoire, citons enfin qu'il existe deux membres d'honneur à l'AFRF :

- Monsieur André Récipon, père et intronisateur de son fiston Michel, qui se trouve être, lui aussi, membre d'honneur du conseil de surveillance de la Fondation Raoul Follereau,

- ainsi que Monsieur Jean-Pierre Verrier, retraité.

 

 

L'AFRF : un simulacre de vie associative démocratique

 

Nous avons déja relevé les convictions monarchistes d'André Récipon (voir ici). Pour André Récipon, "la primauté de la majorité sur la minorité (...) est une forme de dictature" (Lettre ouverte à Hombeline, page 85).

 

Les statuts de l'association des Amis de la Fondation Raoul Follereau ne dérogent pas à ce verrouillage de l'expression démocratique, et ce, malgré la réforme intervenue après le scandale de l'IGAS de 2002 (voir sur ce sujet les liens presse indiqués dans notre bibliographie). Selon l'article 9 des statuts, le fonctionnement de l'AFRF est assuré par un conseil d'administration, composé des huit membres fondateurs (membre de droit et à vie) et de 9 autres membres de l'association. Ces derniers sont élus par l'assemblée générale annuelle des membres.

 

Nous pouvons d'ores et déjà constater que la quasi moitié (8 membres sur 17) du conseil d'administration est réservée aux membres fondateurs qui se transmettent cette qualité par cooptation discrétionnaire.

 

Restent les 9 autres membres du conseil qui seraient soi-disant élus. Néanmoins, le fonctionnement démocratique est, ici aussi, sujet à caution. En effet, pour être éligible au conseil d'administration de l'AFRF, il faut en avoir la qualité de "membre actif". Or, qui veut ne devient pas membre actif de l'AFRF. Les statuts prévoient trois possibilités pour devenir membre actif, et donc, éligible au conseil d'administration :

 

1. Tout d'abord, sont membres actifs en qualité de personne morale les associations locales (appelées "comités" dans le jargon FRF) qui ont adoptés les statuts-types préconisés par la Fondation Raoul Follereau, et qui ont été agréées par le directoire de la Fondation Raoul Follereau (directoire présidé par ... Michel Récipon).

 

2. Ensuite, sont membres actifs les délégués départementaux de la Fondation Raoul Follereau. Or, les délégués de la Fondation Raoul Follereau sont choisis par le directoire de la Fondation (donc ... Michel Récipon).

 

3. Enfin, toute personnes qualifiée et active peut devenir membre actif de l'AFRF à condition, toutefois, de respecter deux conditions. Tout d'abord, il faut être "présenté" par un membre déjà dans la place : un autre membre actif, un membre du conseil d'administration, mais aussi un membre du directoire de la Fondation Raoul Follereau (donc ... Michel Récipon). Deuxième condition, il faut être agréé par le conseil d'administration par un vote à la majorité de ses membres et, clause de cooptation supplémentaire, ce vote majoritaire doit inclure une vote favorable d'au moins 5 des 8 membres fondateurs.

 

En synthèse, l'accès à la qualité de membre actif, et donc, la possibilité d'être éligible au conseil d'administration de l'AFRF requiert dans tous les cas une forme de cooptation de toute ou partie des membres fondateurs et/ou du directoire de la Fondation Raoul Follereau.

 

Enfin, les statuts prévoient (article 12) que le Président de l'AFRF a tous pouvoirs pour "veiller à l'exécution de ses décisions et, en général, pour assurer la représentation de l'association". Or, le président de l'association des Amis de la Fondation Raoul Follereau n'est autre que ... Michel Récipon.

 


En synthèse et en résumé, les documents qui nous ont été transmis et que nous tenons à la disposition de nos lecteurs sur simple demande à notre adresse mail (ombrelumiere2010@hotmail.fr) confirment les points de convergence, voire de dépendance entre la Fondation Raoul Follereau, l'association des Amis de la Fondation Raoul Follereau et les fondateurs de chacune de ces deux entités. Cela confirme donc que l'indépendance dont la Fondation Raoul Follereau devrait bénéficier vis-à-vis de ses fondateurs, conformément à la réglementation française que nous exposons dans notre livre PDF, est une illusion.

 

Pour accéder à la première partie de cet article, cliquer ici.

 

 

Pour être sûr de lire la dernière version de cet article, consulter notre blog ici.

http://follereau-entre-ombre-et-lumiere.over-blog.com/ 

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18 janvier 2011 2 18 /01 /janvier /2011 13:39

 

MAJ mars 2012

Le livre a été édité par Golias (ici) et est dorénavant disponible en version papier chez tous vos libraires (15 euros) ou sur internet en version PDF complète pour 5 euros : http://www.golias.fr/article5034.html

La version gratuite disponible par internet (ici) ou par mail (romain.gallaud@hotmail.fr, cliquer ici) est donc une version restreinte qui contient :

- d'importantes parties du livre ;

- le dossier spécial Action Française ;

- l'article publié par Golias Hebdo en septembre 2011.


 

 

Sommaire (version janvier 2012)


Prolégomènes                          

Notre livre chez GOLIAS Éditions ?                                                      p.7

Note d’intention de l’auteur                                                                     p.9

Bâtir sa maison sur le roc                                                                          p.13


Les faces cachées de Raoul Follereau                          

Quelques mots sur la biographie d’Étienne Thévenin                   p.16

Contexte historique de Raoul Follereau                                              p.18

Le maurrassien                                                                                               p.22

La perte de l’innocence                                                                               p.36

Le réactionnaire national catholique                                                    p.43

Au service de l’Internationale fasciste                                                 p.58

L’antisémite                                                                                                     p.68

L’ami d’Henry Coston                                                                                  p.78

Antisémite ? Synthèse et discussion                                                     p.87

Le marchand du temple                                                                             p.90

Le propagandiste au service du régime de Vichy                            p.101

Adzopé, le prétexte caritatif au service d’un projet politique    p.120

Adzopé et le maréchal Pétain                                                                   p.130

Le faussaire de sa propre Histoire                                                          p.133

André Récipon, l’héritier de Raoul Follereau                                    p.148

Lettre ouverte à l’Église de France                                                         p.165

Réponse d'Etienne Thévenin                                                                    p.172


Les faces cachées de la Fondation Raoul Follereau 

Une fondation verrouillée de l’intérieur                                             p.175

Les drôles de comptes de la FRF                                                             p.190

Des millions d’euros au coeur d’une nébuleuse                                p.201


 

 

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16 janvier 2011 7 16 /01 /janvier /2011 20:53

 

Message 20 janvier 2011

Retrouvez cet article mis à jour dans notre livre PDF gratuit.

 

 

 

En qualité de fondation reconnue d’utilité publique faisant appel à la générosité du public, la Fondation Raoul Follereau est tenue de publier ses comptes annuels.

Depuis plusieurs années, déjà, ces comptes, y compris le rapport des commissaires aux comptes, sont disponibles sur internet (voir tous les liens dans notre bibliographie ici).

La consultation de ces comptes nous a permis d’identifier ce que nous considérons être une grave irrégularité dans l’information financière communiquée aux donateurs.


Propos généraux sur les obligations comptables des organismes faisant appel à la générosité du public.

Afin d’améliorer la transparence des organismes faisant appel à la générosité du public et l’information des donateurs, il a été décidé de renforcer les obligations de transparence financière des organismes faisant appel à la générosité du public.

Parmi ces obligations récentes figure le Compte Emploi Ressources (CER). Ce compte permet de détailler la nature des revenus et des dépenses de l'organisme.

C’est essentiellement le poste des dépenses, qualifiés "emplois" qui va nous intéresser. Cette ventilation des dépenses (i.e. emplois) par nature permet d’informer les donateurs sur la quote-part de leur générosité qui bénéficie réellement, in fine, à la cause qu’ils ont voulu soutenir.

Il faut souligner combien ce CER est essentiel car il permet de lire la performance opérationnelle des organisations caritatives : plus la quote-part des dépenses affectées aux "missions sociales" est élevée, plus l’organisme a été respectueux et économe de l’argent et de l’intention de ses donateurs.

Concrètement, les emplois se décomposent en trois postes principaux :

- les missions sociales,

- les frais de recherche de fonds,

- les frais de fonctionnement et autres charges.

Dans cette ventilation, le poste « missions sociales » regroupe les dépenses engagées dans le cadre des projets qui caractérisent ce pourquoi l'organisme est réputé se battre et collecter des fonds.

Le poste « frais de recherche de fonds » porte bien son nom puisqu’il regroupe les dépenses engagées dans le cadre de la quête de fonds afin de financer les missions sociales.

Enfin, le poste « frais de fonctionnement », sorte de voiture balai, regroupe le reste, c'est-à-dire les dépenses qui ne sont pas, à proprement parler, des missions sociales, et qui ne servent pas non plus à collecter des fonds.


Que révèlent les comptes de la Fondation Raoul Follereau ?

Concernant plus particulièrement la Fondation Raoul Follereau, nous avons pu obtenir les CER depuis l’année 2005 jusqu’à ceux de l’année 2009.

Nous allons procéder à une distinction entre la période 2005-2008 et l’exercice 2009.

Pour chacune de ces années, la Fondation Raoul Follereau a créé, au titre de ses « missions sociales », un sous-post intitulé « Actions d’information liées aux missions sociales ».

Selon la Fondation Raoul Follereau, il s’agit « des dépenses engagées pour la diffusion du message de Raoul Follereau et la sensibilisation du public à ce message et aux missions sociales. ».

Le sujet est d’importance car les montants le sont. En effet, ce sous-poste pèse particulièrement lourd :

- en 2005, il s’élève à 1,631 millions d’euros (soit 17% du poste total « Missions sociales ») ;

- en 2006, il s’élève à 1,713 millions d’euros (soit 17% du poste total « Missions sociales ») ;

- en 2007, il s’élève à 1,695 millions d’euros (soit 16% du poste total « Missions sociales ») ;

- en 2008, il s’élève à 1,926 millions d’euros (soit 18% du poste total « Missions sociales »).

Soit un total de 6,965 millions d’euros, sur ces quatre exercices (2005-2008).

L’impact de cette question est significatif puisque l’indice de performance de la fondation en dépend.

Par exemple, pour l’exercice 2008, la Fondation Raoul Follereau annonce que 70,12% des emplois ont été consacrés aux missions sociales. Concrètement, cela signifie que, sur 100 euros dépensés par la Fondation Raoul Follereau, moins de 30 euros se sont évaporés en frais de fonctionnement ou en frais de recherche de fonds.

70,12% est un indice de performance tout à fait correct.

En revanche, si nous considérons que la totalité de ces dépenses « Actions d’informations liées aux missions sociales » ne relèvent pas, en réalité, du poste « Missions sociales », et devraient plutôt être basculées dans l’une des deux autres catégories, l’indice de performance tombe à 57,18%, soit en dessous des 66% exigés par le bureau de certification Véritas.

Effectivement, 57,18% serait un piètre indice de performance.

Afin d’identifier si ces dépenses sont bien à leur place dans le poste « missions sociales », il faut les examiner ligne à ligne.


Les actions d'informations liées aux missions sociales de la Fondation Raoul Follereau : des frais de fonctionnement ou de collecte déguisés ?

Pour les quatre années concernées, la sous-catégorie « Actions d’information liées aux missions sociales », la Fondation Raoul Follereau indique  :

- Journal « Lèpres » ;

- Réseau des bénévoles ;

- Service des comités ;

- Congrès.

De quels compléments d’informations disposons-nous ?

Pour chacune de ces quatre années, à quelques variations près, l’annexe apporte les précisions suivantes sur la nature précise de ces dépenses :

« - les dépenses des numéros du journal « Lèpres » communiquant aux donateurs les informations sur les projets terrain ;

- les frais du service de gestion du réseau de bénévoles, des frais des délégations ;

- les charges du congrès annuel qui rassemble, bénéficiaires des aides, représentants des pays étrangers dans lesquels la Fondation est présente, bénévoles qui participent tout au long de l’année à son action et salariés du siège. »

De façon générale, la terminologie employée (« dépenses engagées pour la diffusion du message de Raoul Follereau et la sensibilisation du public à ce message et aux missions sociales. ») est susceptible de donner lieu à de multiples interprétations et il semble impossible de faire la frontière entre « sensibilisation du public aux missions sociales » et sollicitation de la générosité de ce même public pour leur financement.

Or, la sollicitation de la générosité du public relève du poste « frais de recherche de fonds » et non de celui « missions sociales ».

Nous allons appuyer notre démonstration sur des éléments factuels extrêment précis.

 

Les délégations, bénévoles et réseaux

Les délégations et les bénévoles ont principalement pour activité d’organiser la journée mondiale des lépreux, le dernier week-end de chaque année. Le reste de l’année, ils organisent eux-mêmes ou accompagnent des tiers qui organisent des événements dédiés à Raoul Follereau et aux œuvres financées par la Fondation Raoul Follereau.

Le site internet de la Fondation Raoul Follereau indiquent clairement les objectifs du réseau des bénévoles (ici) :

« - provoquer et entretenir des relations avec les media locaux, les institutions, les mouvements,   les clubs, les notaires… ;

- mobiliser les jeunes (scolaires, scouts, aumôneries…)

- représenter la Fondation dans les forums associatifs et toutes manifestations de proximité

- sensibiliser et mobiliser le grand public à travers des initiatives diverses et variées, pour parler de Raoul Follereau et collecter des fonds en faveur des actions qui se poursuivent en son nom. »

La lecture des numéros du journal Lèpres donne régulièrement des exemples des tombolas, lâchers de ballons, lotos et autres manifestations culturelles organisés par le réseau des délégations et des bénévoles (voir ici les numéros récents du journal Lèpres).

Il est patent de constater que ces événements sont, de façon quasi-systématique, l’occasion de faire connaître la Fondation Raoul Follereau, les actions qu’elle entreprend, dans le but, soit de recruter de nouveaux bénévoles, soit de collecter des fonds, soit les deux.

Par exemple, ce document montre comment une opération apparemment anodine, destinée aux enfants afin de leur apprendre le sens de la charité, une "opération cerfs-volants", se transforme en opération de collecte de fonds au profit de la Fondation Raoul Follereau (voir le document ici).

De même, les conférences et animations déployées pour faire connaître Raoul Follereau constituent autant d'opération de communication et de publicité au profit de la Fondation Raoul Follereau.

Les dépenses liées à au réseau, aux comités et aux délégations devraient donc figurer tantôt dans les « frais de recherche de fonds » tantôt dans les « frais de fonctionnement ».

 

Le Congrès annuel

Concernant le congrès annuel, les éléments à notre disposition permettent de considérer qu’il s’agit d’un vaste séminaire de cohésion et de stimulation à l’image des stages de team building qui peuvent exister dans n’importe quelle autre entreprise ordinaire : salariés, bénévoles et relations de la Fondation Raoul Follereau viennent se retrouver afin de partager des bonnes pratiques, se donner des conseils et des idées, écouter quelques conférences prononcées par telle ou telle notoriété du secteur, bref partager un bon moment ensemble de telle façon que chacun rentre chez soi gonflé à bloc et prêt à en découdre pour les douze prochains mois.

André Récipon président fondateur de l'Association Française Raoul Follereau, président d'honneur de la Fondation Raoul Follereau et père de l'actuel président du directoire de la Fondation Raoul Follereau, affirmait à propos des congrès organisés chaque année par la Fondation Raoul Follereau (cité par Jean d'Alançon dans sa biographie Raoul Follereau - Fraternités spirituelles, éditions Fayard, 1995 page 285) :

« C'est au lendemain de la mort de Raoul Follereau que nous avons inauguré le premier de nos congrès. Nous avions alors, cherché à élargir notre réunion annuelle en dehors du cadre toujours formel d'une assemblée générale. Puis l'habitude s'est imposer de distinguer les deux rencontres. L'Assemblée Générale permet de faire le point de l'année écoulée. Le Congrès prépare la prochaine Journée Mondiale des Lépreux au moment où chacun a repris des forces pendant les vacances. (...) Le Congrès est un lieu de réflexion sur nos activités et nos orientations. »

Les dépenses liées à l’organisation du congrès annuel devraient donc, eux aussi, figurer tantôt dans les « frais de recherche de fonds » tantôt dans les « frais de fonctionnement ».

 

Le Journal Lèpres

Nous serons plus précis encore concernant le journal Lèpres, le support de communication de la Fondation Raoul Follereau.

Nous faisons au moins quatre constatations.

1. Tout d’abord, le contenu rédationnel du journal Lèpres est un constant appel à la générosité du public tantôt implicite, tantôt explicite : édito de Michel Récipon appelant à la générosité ou à la fidèlité des donateurs, descriptions de projets à financer ou encours de financement avec, souvent, la pastille explicite « Aiderez vous Untel ? », quatrième de couverture systématiquement dédiée à une publicité explicite en faveur des dons, legs et assurance sur la vie consentis au profit de la Fondation Raoul Follereau, etc.

Décortiquons, par exemple, le journal Lèpres de mai 2008 (ici). En première page de couverture, une pastille rappelle les nouvelles dispositions relatives à la réduction d’impôt sur la fortune, en page 2, un sommaire et la présentation des quatre grands engagements de la Fondation Raoul Follereau, en page 3 un édito de Michel Récipon qui invite à semer l’Amour pour récolter la Vie (autrement dit, à faire oeuvre de générosité en donnant), en page 4, la mise en valeur d'un consultant travaillant pour la Fondation Raoul Follereau, page 5 un article sur une sœur à Madagascar avec une pastille « Ils agissent en notre nom mais ne peuvent le faire sans nous ! », page 6 et 7 un article sur les puits qui s’achève sur un encart « 1 puit = 600 € ! 10 familles de France peuvent financer la résurrection d'un village ! », pages 8 et 9 un article sur l’enfance avec, en première page de l’article, une pastille « Voulez-vous nous aider ? », pages 10 et 11 un article qui s’achève sur un encart « Aidons Florence, Elle a besoin de 5.000 € pour démarrer », page 12 l’agenda des événements organisés au profit de la Fondation Raoul Follereau, page 14 le courrier des donateurs, page 15 page complète sur les moyens pour faire un don, et dernière page – quatrième de couverture, le seconde plus importante après la première de couverture – consacrée à une publicité en faveur des dons, legs et autres assurance vie en faveur de la Fondation Raoul Follereau.

2. Ensuite, nous relevons que l’envoi par la poste du journal Lèpres inclus systématiquement un formulaire de don et d’une enveloppe T pour la réponse : il s'agit donc bien d'un envoi duquel des retombées financières sont espérées par la Fondation Raoul Follereau

3. Également, le journal précise lui-même aux donateurs qui acceptent d’opter pour le prélèvement automatique qu’ils seront moins sollicités car ils recevront moins de numéros du journal Lèpres. Ceci est bien la preuve que le journal Lèpres est avant toute autre chose un outil de sollicitation de la générosité des lecteurs.

4. Enfin, argument ultime que nous trouvons dans la bouche même de Michel Récipon. Dans un article de presse disponible ici sur internet, à la question « comment financez-vous vos actions ? », Michel Récipon répond :

« Nous faisons appel à la générosité des donateurs en France par le biais de notre journal bimestriel Lèpres, par des mailings, par des parutions dans la presse. L’autre source de rentrée d’argent est la Journée Mondiale des Lépreux, créée par Raoul Follereau en 1954. » 

Voilà donc Michel Récipon, président du directoire de la Fondation Raoul Follereau qui affirme, à son tour, que le journal Lèpres est un instrument pour faire appel à la générosité des donateurs.

Par conséquent, les dépenses liées au journal Lèpres devraient figurer dans les « frais de recherche de fonds ».

 

Conclusion pour les exercices 2005 à 2008

En synthèse de ce qui précèdent, concernant la période 2005-2008, la décision de la Fondation Raoul Follereau de qualifier en totalité ces dépenses (réseau, délégations, journal, congrès) de « missions sociales » nous semble particulièrement contestable.

Ce choix a eu pour effet, selon nous, d'améliorer de façon artificielle l’indice de performance de la Fondation Raoul Follereau. Selon nos calculs, les enjeux chiffrés seraient les suivants :

Année

Pourcentage des emplois consacrés aux missions sociales déclaré par la Fondation Raoul Follereau

Pourcentage des emplois consacrés aux missions sociales, hors « Actions d’informations liées aux missions sociales »

2005

64,75%

53,50%

2006

69,48%

57,64%

2007

73,56%

61,38%

2008

70,12%

57,18%

 

L’année 2009 va, paradoxalement, nous donner partiellement raison.

 

Les nouveautés de l'exercice 2009 : l'autopromotion devient une mission sociale

Tout d'abord nous relevons les modifications suivantes (qui vont dans le sens de notre argumentation précédente), concernant les dépenses rattachées aux "missions sociales" :

- les frais du réseau de bénévoles ne sont pris en compte plus que pour 9/12ème de leurs montants ;

- les frais d’édition et d’envoi des journaux « Lèpres » ne sont pris en compte plus que pour 80% de leurs montants ;

- la phrase n’est pas très claire, mais il semblerait que les coûts relatifs à certains numéros du journal Lèpres (comptes et prospection) soient complètement exclus.

En revanche, nous sommes au regret de constater plusieurs facteurs d’inquiétudes supplémentaires par rapport aux pratiques antérieures.

Tout d’abord, la Fondation Raoul Follereau a fait disparaître le sous-poste contesté d’« Action d’informations liées aux missions sociales » pour le remplacer par une nouvelle mission sociale en tant que telle, intitulée : « Diffusion du message de Raoul Follereau ».

Dorénavant, la diffusion du message de Raoul Follereau est une mission sociale, au même titre que les quatre autres domaines d’interventions de la Fondation Raoul Follereau (aide aux lépreux et programmes de santé, aide au développement, aide aux enfants en détresse, aide à la réinsertion par l’emploi en milieu rural en France).

Les montants sont extrêmement importants : en 2009, ce nouveau poste atteint le montant de 1,790 millions d’euros, soit 17% du poste total « Missions sociales » (quasiment 12 millions de francs pour ceux encore habitués au franc pour les montants importants !).

En revanche, contrairement aux années 2005 à 2008, nous ne disposons plus du détail des montants, ligne à ligne. Nous regrettons ce surcroît d'opacité dans les comptes.

Seraient concernés dans cette nouvelle mission sociale, outre les items déjà mentionnés ci-dessus, les dépenses relatives :

- à la publication des documents sur la vie et la pensée du fondateur ;

- les frais des actions de promotion de l’image et de la notoriété du fondateur ;

- les frais de communication « grand média ».

Nous avons déjà exprimé ci-dessus combien il nous parait illusoire de prétendre faire une distinction entre la promotion de l'image et de la notoriété de Raoul Follereau et la promotion de la Fondation Raoul Follereau.

Nous persistons donc dans notre précédente analyse selon laquelle la Fondation Raoul Follereau qualifie de « missions sociales » des dépenses qui relèvent tantôt de frais de fonctionnement, tantôt de frais de publicité (et donc, de recherche de fonds).

La conséquence directe de cette situation se trouve dans une amélioration, artificielle selon nous, de l’indice de performance de la Fondation Raoul Follereau.

Année

Pourcentage des emplois consacrés aux missions sociales déclaré par la Fondation Raoul Follereau

Pourcentage des emplois consacrés aux missions sociales, hors « Diffusion du message de Raoul Follereau »

2009

70,39%

58,39%

 

Quelle que soit la légitimité de la Fondation Raoul Follereau à qualifier ces emplois de "missions sociales", il nous semble important que les donateurs de la Fondation Raoul Follereau soient informés de cette situation.

Nos lecteurs doivent également savoir que nous avons sollicités la Fondation Raoul Follereau par mail, le 18 décembre 2010, afin d’obtenir des informations plus détaillées sur ces éléments chiffrés et sur les motivations de leur position. La Fondation Raoul Follereau nous a répondu le 23 décembre, par mail également, en nous informant qu’elle refusait de fournir les informations complémentaires demandées, prétextant qu’elle n’était tenue de ne répondre qu’à des demandes nominatives.

Sur le fond, nous considérons qu’anonyme ou non, toute personne est en droit d’obtenir des éclaircissements sur les choix comptables des organismes reconnus d’utilité publique, a fortiori concernant la Fondation Raoul Follereau, qui, chaque années, collecte des fonds dans la rue auprès de donateurs … anonymes.


Nous poursuivons notre enquête.

 

 

 

 

Pour être sûr de lire la dernière version de cet article, consulter notre blog ici.

http://follereau-entre-ombre-et-lumiere.over-blog.com/ 


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17 novembre 2010 3 17 /11 /novembre /2010 15:54

 

Message 20 janvier 2011

Retrouvez cet article mis à jour dans notre livre PDF gratuit.

 

 

Addendum : cet article a été mis à jour le 28 novembre 2010.

 

 

Nous allons aujourd'hui nous pencher sur la nature juridique de la Fondation Raoul Follereau.

 

Même si nous ne sommes pas juristes et même si les informations disponibles sur le net sont parcellaires, nous avons effectivement débusqué un certain nombre d'anomalies d'ordre juridique. C'est la principale que nous vous proposons d'aborder aujourd'hui.

 

À l'origine de cet article, nous sommes partis des propos d'André Récipon en personne, propos que nous avions déjà cités dans notre article précédent consacré à la pensée politique d'André Récipon (ici) mais que nous reproduisons ici :

 

« le 23 mai 1992, lors de l’assemblée générale, j’ai fait la déclaration suivante : “(…) je suis ici pour transmettre le flambeau tel que je l’ai reçu de Raoul Follereau. À mon tour, je déclare solennellement devant vous que je confie à mon fils Michel la charge de l’œuvre que j’ai reçue de Raoul Follereau et que je lui demande de poursuivre”. » (Combat pour la Charité, André Récipon, Pierre Téqui Éditeur, 2000, page 21) ;

 

« notre vie familiale et privée est étroitement liée à la vie de la Fondation Raoul Follereau (…) j’ai mis en place une structure dont ton père <Michel Récipon> a maintenant la responsabilité. (…) Contrairement à ce que certains avancent (…) ce n’est pas une famille qui s’est emparée d’un héritage, c’est une famille qui s’est chargée d’une tradition, celle de poursuivre l’œuvre de Raoul Follereau. C’est l’honneur de ton père <Michel Récipon> de la maintenir aujourd’hui, et ce sera, demain, le tien et celui de tes frères et sœurs. (…) » (Lettre ouverte à Mathilde, André Récipon, Pierre Téqui Éditeur, 2005, page 31).

 

Dans la mesure où la Fondation Raoul Follereau est une fondation reconnue d'utilité publique, nous étions étonnés qu'il puisse être juridiquement possible d'instaurer ainsi un processus de dévolution successorale, comme si la présidence d'une fondation reconnue d'utilité publique pouvait se transmettre de père en fils sans limitation de durée.

 

Nous n'avons pas été déçus par nos recherches : elles nous ont permis, en effet, de découvrir que la Fondation Raoul Follereau est une sorte d'Objet Juridique Non Identifié (OJNI) dans lequel un petit nombre d'individus semblent bien avoir verrouillé l'exercice du pouvoir.

 

Avant toute chose, signalons quatre sources documentaires qui nous ont été utiles pour la rédaction de cet article :

- Mémento Pratique Francis Lefebvre Associations 2010 - 2011 ;

- Dalloz Action Associations 2000 ;

- Fondations par Éric Baron et Xavier Delsol aux éditions Juris Associations, 2004 ;

- Dictionnaire Permanent Lamy Associations ;

- le rapport annuel 2009 de la Fondation Raoul Follereau (ici) ainsi que les pages institutionnelles de leur site internet (ici).

 

Un complément à cet article a été publié le 28 mars 2011. Pour y accéder, cliquer ici.  

 

 

Introduction sur les fondations

 

En quelques mots, nous dirons qu'une fondation est l'acte par lequel une ou plusieurs personnes décident de se déposséder d'un bien qui leur appartient au profit d'une entité juridique spécifique dont la mission sera de poursuivre une œuvre d'intérêt général.

 

Ce qui différencie une fondation d'une association classique loi 1901, c'est que l'État apporte sa pierre à l'édifice sous la forme d'une reconnaissance d'utilité publique.

 

La Fondation reconnue d'utilité publique est donc une entité juridique particulière qui réunit trois caractéristiques :

- un acte privé des fondateurs, ce qui suppose un appauvrissement (dotation) ;

- une œuvre d'intérêt général qui sera financée soit par les revenus générés par le placement de cette dotation, soit par la consommation progressive de cette dotation ;

- une reconnaissance par l'État français, ce qui génère des avantages exorbitants de droit commun, notamment des réductions d'impôts pour les donateurs, la possibilité de recevoir des dons et des legs en franchise de droits de succession, etc.

 

Lorsque ces conditions sont réunies, l'organisme peut se prévaloir du titre officiel - et protégé - de "Fondation reconnue d'utilité publique". Il est évident qu'une telle qualification constitue, aux yeux du grand public, un gage de confiance, de transparence et d'honorabilité bien plus important qu'une simple association de la loi 1901. Il s'agit donc d'un titre recherché notamment par ceux qui sollicitent la générosité du public.

 

 

 

La gouvernance des fondations reconnues d'utilité publique

 

Il résulte de ce statut si particulier des droits, mais également des devoirs.

 

Nous avons vu ci-dessus qu'une fondation reconnue d'utilité publique constitue, en quelque sorte, une entité privée chargée d'une œuvre d'intérêt général, avec la bénédiction de la puissance publique.

 

Arrivé à ce stade de notre exposé, un élément est capital : il s'agit de l'indépendance de la Fondation, tant vis-à-vis de ses fondateurs que vis-à-vis de l'État.

 

Autrement dit, la Fondation, une fois créée, échappe au pouvoir des fondateurs mais ne tombe pas pour autant sous la coupe de la puissance publique. Cet exercice délicat d'équilibriste trouve sa concrétisation dans le mode de gouvernance.

 

Ouvrons une parenthèse. Il existe quatre modes de gouvernance possibles mais nous allons nous concentrer sur celui choisi par la Fondation Raoul Follereau : Conseil de Surveillance et Directoire. Fermons la parenthèse.

 

La gouvernance qui procède d'un Directoire et d'un Conseil de surveillance consiste en une structure bicéphale dans laquelle les deux "têtes" de la fondation ont des prérogatives bien définies et bien délimitées : le Directoire dirige, le Conseil de Surveillance contrôle et surveille le Directoire.

 

Comme le Directoire est nommé par le Conseil de Surveillance, c'est ce dernier qui est le centre de notre attention. En effet, la concrétisation de l'indépendance de la Fondation tant vis-à-vis des Fondateurs que de la puissance publique se retrouve dans la composition du Conseil de Surveillance, véritable organe central de la gouvernance de la Fondation.

 

Concrètement le Conseil de Surveillance doit être composé de 7 à 12 membres dont la répartition est strictement encadrée :

- un tiers du nombre total des membres du Conseil de Surveillance sont, soit les fondateurs, soit des personnes choisies par les fondateurs : c'est le collège des Fondateurs.

- un tiers du nombre total des membres du Conseil de Surveillance sont des représentants de la puissance publique. Concrètement, il s'agit de fonctionnaires d'un pour plusieurs Ministères. Concernant la Fondation Raoul Follereau, les ministères concernés sont celui de l'Intérieur, celui des Finances et celui des Affaires étrangères. C'est le collège de l'État.

- Le dernier tiers est composé de personnes dites qualifiées dont les compétences personnelles doivent être en rapport, en principe, avec l'activité poursuivie par la Fondation. Ce dernier tiers qui est sensé n'être a priori ni du côté des Fondateurs, ni du côté de l'État est élu par les deux premiers tiers. C'est le collège des personnes qualifiées.

 

Dans un telle configuration à trois tiers, l'indépendance de la Fondation vis-à-vis tant des Fondateurs que de l'État est sensée être protégée. Cependant, ce serait trop simple.

 

En effet, la loi prévoit la possibilité d'ajouter deux nouveaux collèges, optionnels ceux-là. Le premier collège est un collège de représentants des salariés de la Fondation. Nous pouvons l'évacuer tout de suite : à la Fondation Raoul Follereau, ce collège n'est pas prévu. Le second collège est celui dit des "Amis de la Fondation". Derrière ce terme, il faut comprendre des bénévoles, des donateurs, des personnes s'investissant particulièrement dans le cadre de l'oeuvre poursuivie par la Fondation, etc. Chacun de ces deux derniers collèges optionnels ne peut être représenté au Conseil de Surveillance pour plus d'un cinquième du nombre total de ses membres (20%). La loi n'est guère plus bavarde. Un point, néanmoins, est capital : ce sont les collèges des représentants de l'État et des personnes qualifiées qui se voient contraints de réduire leur nombre de sièges afin que le total des membres du Conseil de Surveillance ne dépasse pas 12.

 

 

 

Le cas de la Fondation Raoul Follereau (ou comment contourner une règle en faisant semblant de la respecter)

 

Pour bien comprendre la situation, il faut savoir qu'à l'origine, en 1968, Raoul Follereau confie à André Récipon le soin de créer une association-mère qui fédérera les dizaines de comités locaux qui existent dans toute la France. Cette association portera le nom, désormais célèbre, de Raoul Follereau et sera la continuation de l'Ordre de la Charité.

 

En 2002, cette association-mère s'appelle l'Association Française Raoul-Follereau. Il s'agit d'une association loi 1901 dont le sigle est AFRF.

 

Depuis 1984, la famille Récipon a fondé une Fondation Raoul Follereau pour mener un certain nombre d'activités sociales de diversification, l'ARFR restant en charge des activités au profit des lépreux.

 

Sans doute habillement conseillée, la famille Récipon va sauter sur l'occasion pour faire d'une pierre deux coups : faire disparaître la nébuleuse des associations locales qui étaient toutes plus ou moins dépendantes de l'association-mère (AFRF) et faire monter en puissance la Fondation afin de bénéficier des avantages qui s'attachent à ce statut (notoriété, crédibilité, fiscalité, etc.).

 

Ils reformulent alors les statuts de la Fondation Raoul Follereau de la façon suivante :

- conformément au droit positif, les fondateurs s'octroient un tiers de 12 membres du conseil de surveillance, soit quatre sièges, soit 33% des sièges au total ;

- les statuts prévoient, comme la règle l'autorise, la présence d'un collège des Amis de la Fondation Raoul Follereau ; ce collège bénéficie de trois sièges, soit 25% des sièges au total ;

- ce sont les deux autres collèges qui voient donc leur nombre de sièges revus à la baisse : l'État n'obtient que trois sièges au lieu de quatre, les personnes qualifiées ne sont plus que deux au lieu de quatre.

 

Vous noterez que si le collège des Fondateurs s'unit au collège des Amis de la Fondation Raoul Follereau, l'ensemble représente 7 sièges sur 12, soit 58% des voix.

 

 

Mais qui sont donc ces "Amis de la Fondation Raoul Follereau" ?

 

Selon le rapport annuel de la Fondation Raoul Follereau (ici), cette mystérieuse association des Amis de la Fondation Raoul Follereau, présentée sous le sigle AFRF, rassemble des bénévoles et des sympathisants se dévouant à son œuvre. Ils seraient 80 membres, selon ce rapport. Rappelons que la Fondation Raoul Follereau compterait plus de 150.000 donateurs par an.

 

Selon le site internet de la Fondation Raoul Follereau (ici), cette mystérieuse association, à nouveau siglée AFRF, est dotée d'un conseil d'administration qui compte 8 membres fondateurs et 9 membres actifs. Leurs noms ne sont pas communiqués.

 

Le premier indice troublant est cette identité de sigle AFRF entre l'association historique qui, pendant des années, a porté l'activité aujourd'hui poursuivie par la Fondation Raoul Follereau et celle des Amis de la Fondation Raoul Follereau.

 

Le deuxième indice troublant est que cette Association des Amis de la Fondation Raoul Follereau fait partie du périmètre de combinaison comptable de la Fondation Raoul Follereau. Or, il est d'usage de combiner ensemble des entités juridiques qui ont des dirigeants communs.

 

Plus encore, lorsqu'on fouine un peu plus sur le net, on trouve un troisième indice troublant qui achève de nous convaincre (ici) :

 

Association : Les Amis de la Fondation Raoul-Follereau

Type d'annonce : Association / Modification

Déclaration à la Préfecture de police :

Ancien titre : ASSOCIATION FRANCAISE RAOUL-FOLLEREAU - ORDRE DE LA CHARITE

Nouveau titre : LES AMIS DE LA FONDATION RAOUL-FOLLEREAU

Siège Social : 31, rue de Dantzig 75015 Paris

Courriel : follereau@raoul-follereau.org

Site internet : www.raoul-follereau.org

 

Il résulte de ce lien sur le Journal Officiel des Associations que l'Association des Amis de la Fondation Raoul Follereau n'est autre que l'Association Française Raoul Follereau fondée par André Récipon en 1968 rebaptisée d'un nouveau nom. Avec, pour ceux qui douteraient encore, la même adresse postale, la même adresse mail et la même adresse internet que la Fondation Raoul Follereau.

 

Association des Amis de la Fondation Raoul Follereau et Fondation Raoul Follereau ne sont donc que les deux visages d'une seule et unique réalité : la famille Récipon.

 

 

 

Synthèse et conclusion

 

Il résulte de notre enquête que la famille Récipon a, par une utilisation habile des failles de la réglementation, détourné la législation qui encadre les fondations reconnues d'utilité publique.

 

Nous pouvions effectivement être étonnés qu'André Récipon puisse écrire avec autant de certitude que la présidence de la Fondation Raoul Follereau échoirait de père en fils, telle une succession.

 

« (…) j’ai mis en place une structure dont ton père <Michel Récipon> a maintenant la responsabilité. (…) Contrairement à ce que certains avancent (…) ce n’est pas une famille qui s’est emparée d’un héritage, c’est une famille qui s’est chargée d’une tradition, celle de poursuivre l’œuvre de Raoul Follereau. C’est l’honneur de ton père <Michel Récipon> de la maintenir aujourd’hui, et ce sera, demain, le tien et celui de tes frères et sœurs. (…) » (Lettre ouverte à Mathilde, André Récipon, Pierre Téqui Éditeur, page 31).

 

La "structure" qu'André Récipon se vante d'avoir "mis en place" est ici révélée.

 

André Récipon savait très bien qu'une Fondation "normale" devait être indépendante vis-à-vis de ses fondateurs. C'est la norme ou, en tout cas, c'est l'esprit de la norme qui régit les fondations. Or, André Récipon ne veut pas d'une Fondation Raoul Follereau indépendante pour la simple raison que la dévolution successorale interne à la famille Récipon ne serait plus garantie pour les générations futures.

 

Il suffit alors à la famille Récipon de contrôler à la fois le collège des Fondateurs de la Fondation et l'association AFRF pour maîtriser, en toute légalité apparente, les destinées de la Fondation reconnue d'utilité publique Raoul Follereau.

 

 

Compléments d'informations

 

Suite à l'intervention d'un internaute, nous sommes en mesure de confirmer et de préciser nos affirmations.

 

En effet, le rapport du commissaire aux comptes au titre de l’année 2006 (ici) ainsi que le rapport financier 2006 de la Fondation Raoul Follereau (ici) nous confirment que :


- jusqu’en 2005 inclus, l’Association Française Raoul Follereau dirigée par la famille Récipon, menait les activités sociales en faveur des lépreux et bénéficiait pour cela de tout le dispositif existant (réseaux de bénévoles, réserves financières, parc immobilier, etc.) ;


- en complément à ces activités, la Fondation Raoul Follereau avait été créée (en 1984) par la même famille Récipon afin de mener diverses actions sociales de diversification : soutien à l’enfance, soutien à l’emploi en France ;


- en date du 3 décembre 2005, l’Association Française Raoul Follereau s’est vidée de sa substance en apportant ses actifs à la Fondation Raoul Follereau ;


- les statuts de la Fondation Raoul Follereau étaient modifiés à la même période puis l’ancienne Association Française Raoul Follereau fut renommée Association des Amis de la Fondation Raoul Follereau.

 

Ces éléments nouveaux nous permettent par conséquent de confirmer le montage juridique mis en place par André Récipon dans le but de faire détenir, par un nombre réduit d'individus, l'entier contrôle des organes de direction de la Fondation Raoul Follereau.

 

 

Pour accéder à la seconde partie de cet article, cliquer ici.

 

 

Pour être sûr de lire la dernière version de cet article, consulter notre blog ici.

http://follereau-entre-ombre-et-lumiere.over-blog.com/ 

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10 novembre 2010 3 10 /11 /novembre /2010 11:05

 

Message 20 janvier 2011

Retrouvez cet article mis à jour dans notre livre PDF gratuit.

 

 


http://revue.shakti.pagesperso-orange.fr/rfoller2.jpgLors de nos précédents articles (ici), nous avons travaillé sur des aspects méconnus, voire occultés de la vie et de l’œuvre de Raoul Follereau.

 

Nous avons notamment exposé la dimension nationale-catholique de ses convictions politiques, ce qui l’a amena à s’investir avec fougue au profit de certains régimes politiques autoritaires, voire fascistes, des années 1930, jusqu’à son ultime soutien au régime du Maréchal Pétain auquel il vouera une fidélité persistante jusqu’à la fin de sa vie, en 1977.

http://mesi07.com.ar/Medallas/M1632.jpgPendant les années 1960, Raoul Follereau s’inquiète de trouver un successeur fidèle à ses idées afin de poursuivre ce qu'il estime être son œuvre. Fondateur de la Ligue d'Union latine en 1927 (nous en parlons ici et ici, notamment), puis des Fondations Charles de Foucauld en 1937 (décryptage de cette usurpation ici), Raoul Follereau exerce, à partir de 1946, ses activités sous la dénomination Ordre de la Charité.

 

Initialement "pluridisciplinaire", l'Ordre de la Charité va, un petit peu malgré lui, se spécialiser dans la défense des lépreux (dans un prochain article, nous abordons pourquoi ce virage pour les lépreux s'est, en quelque sorte, imposé à lui, mais que tel n'était pas son projet initial).

 

Toujours est-il que Raoul Follereau a acquis, à partir de la fin des années quarante une notoriété devenue mondiale. Cette notoriété est telle qu'il pressent que son œuvre va pouvoir lui survivre : il lui faut donc un successeur. Son épouse et lui-même n’ayant pas eu d’enfants, aucun hériter direct n’est envisageable. Raoul Follereau a bien un frère et une sœur, ainsi que des neveux et nièces, mais, depuis plusieurs années déjà, il n'a plus de contacts avec eux (cf. Étienne Thévenin).
http://cot.priceminister.com/photo/779871123_L.jpg
Raoul Follereau choisit alors André Récipon.

 

André Récipon est le gendre d’un ami très cher de Raoul Follereau, dénommé Michel Rameaud. Ce dernier l’accompagne dans ses aventures politico-culturelles depuis le début des années 1920, lors de la création de La Jeune Académie puis en 1927 lors de celle de la Ligue d’Union latine, organisation politique et culturelle dont nous avons déjà décrit les dérives fascisoïdes (pour un rappel global, voir ici). C’est également chez les Rameaud que Raoul Follereau trouva le gîte et le couvert aux débuts de ses années de collaboration avec le régime de Vichy.

À compter de 1968, André Récipon se voit donc désigné héritier spirituel en charge de la continuation de l’œuvre et des messages de Raoul Follereau. Pendant vingt-cinq ans, André Récipon va diriger d’une main de fer la destinée de ce qui deviendra, aujourd’hui, la Fondation Raoul Follereau.

http://bellaciao.org/fr/IMG/jpg/petain_laval.jpgDans un article précédent, nous avons déjà constaté les convictions pétainistes, voire même pro-Pierre Laval, qu’André Récipon avait exprimées en 2001 dans une revue de soutien au Maréchal Pétain (ici). Dans ce présent article, nous avons souhaité aller plus loin. Au cours de ces quinze dernières années, André Récipon a publié trois ouvrages dans lesquels il décline ses opinions personnelles et non plus seulement historiques. Il a jugé opportun de les rendre publiques et en revendique ouvertement le caractère polémique. L'intégralité des passages reproduits ci-dessous sont extraits de ses livres, tous édités chez Pierre Téqui Éditeur : Lettre ouverte à Hombeline (1998), Combat pour la Charité (2000), Lettre ouverte à Mathilde (2005). Par souci d'alléger le texte, la référence sera simplifiée : Mathilde p.xx, Hombeline p.xx et Charité p.xx.

 

Nous nous contenterons de les citer sans aucun autre commentaire qu'un simple titre, afin de les regrouper par thématique comme nous avions déjà fait pour Raoul Follereau (ici). Chacun pourra ainsi apprécier le propos en toute liberté. Nous soulignons seulement que ces propos ne datent pas, comme c'est le cas pour Raoul Follereau, de l'entre-deux guerres. Ce sont des propos récents qui remontent pour les plus anciens à 1998.

 

PS.
Hombeline et Mathilde Récipon sont les filles de Michel Récipon, le fils unique d’André Récipon. C'est à elles qu'André Récipon s'adresse dans ses deux lettres ouvertes.



Les traditions sont immortelles et éternelles : elles n’ont pas besoin d’être rajeunies
 

 

« les traditions familiales ne sont pas des vieilles reliques qu’il faut dépoussiérer quand on les sort. (…) Elles sont de tous les temps, elles ne vieillissent pas et elles n’ont donc pas besoin d’être rajeunies » (Mathilde p.8) 

 

« une des traditions à laquelle je tiens beaucoup, et que je considère comme prioritaire, est notre foi en Dieu (…) : Dieu, premier servi ! » (Mathilde p.10)

 

« parce qu’elle est l’aînée, (…) c’est à elle qu’incombe le devoir de maintenir les traditions familiales » (Mathilde p.7) 

 

« elle n’a pas besoin de (…) justifier (les idées qu’elle défend ou les gestes qu’elle accomplit) puisqu’elle est l’aînée. » (Mathilde p.8) (nous citons ces deux dernières phrases qui peuvent paraître sans grand intérêt pour illustrer la vision d'André Récipon de son rôle au sein de la Fondation Raoul Follereau : André Récipon se considère être l'aîné de Raoul Follereau et exècre le fait de devoir rendre des comptes. Dans son livre Combat pour la Charité, il se plaint de la multiplicité des contrôles auquel il est soumis : commissaire aux comptes, inspecteurs du Comité de la Charte - dont la Fondation Raoul Follereau a failli être exclue si elle n'avait pas démissionné juste avant (ici) - et inspecteurs de l'IGAS).

 

 

 

Vision réactionnaire de la place des femmes dans la société
 

 

http://images-eu.amazon.com/images/P/2740311893.01.LZZZZZZZ.jpgContre le chômage, « voici deux exemples de mesures simples à prendre : (…) si on dit aux millions de femmes mariées qui travaillent : “si vous abandonnez votre emploi pour rester chez vous et élever vos enfants, vous percevrez la moitié du SMIG hors impôt”, nous allons avoir au moins 500.000 emplois qui vont se libérer. (…) Mais personne ne va vouloir tenter ces paris (…) parce qu’ils traînent des relents de l’Ancien Régime, ont été déclarés une fois pour toutes politiquement incorrects. C’est un dogme, donc, on ne le discute pas, même si vous démontrez que ce dogme est faux. Car tout homme de gauche, qu’il soit socialiste ou communiste, préférera nier l’évidence et la réalité si celles-ci remettent en cause le dogme. » (Hombeline p.77, 78, 79) 

 

« En libérant la femme des tâches ménagères - comme ils disaient - <les laïcs et le socialistes> ont laissé les enfants orphelins, livrés à leurs instincts, sans une mère pour les protéger. (…) la délinquance juvénile est due au travail des femmes qui ont, volontairement ou sous la contrainte, déserté leurs foyers. » (Hombeline p.150) 

 

« Je rappelle que dans l’ordre naturel des choses voulu par Dieu, la femme a reçu une mission spéciale : la procréation des enfants. Refuser cette réalité, c’est comme si on refusait que la terre tourne autour du soleil ! » (Hombeline p.150)

 


 

Libération des mœurs / Concubinage / Sexualité / SIDA
 

 

http://static.skynetblogs.be/media/1163/dyn003_original_340_564_pjpeg_2557766_a0edb2f8752f0ec1b6695cc7a93e92ae.2.jpg« ceux qui refusent (…) de passer devant Monsieur le Maire et M. le Curé se comportent en fait exactement comme des bêtes, pour qui l’institution du mariage n’existe pas. Si c’est ça le progrès, si c’est ça l’évolution inéluctable de la vie, alors permets-moi de crier au fou ! » (Mathilde p.9)  

 

 « le marché des contraceptifs, encouragé par le vagabondage sexuel et la prostitution qui séparent les couples » est un vice à combattre (Hombeline p.86) 

 

« La révolution de 1968, celle qui a libérée les mœurs, est considérée comme la grande conquête de ce siècle. Avant elle, nous étions enchaînés à la même femme, nous ne pouvions pas copuler à tout va, nous ne pouvions pas assouvir nos fantasmes (à voile et à vapeur), nous ne pouvions pas avorter … c’est du moins ainsi, c’est-à-dire comme une victoire importante sur l’obscurantisme et sur l’esclavage, qu’est présentée cette libération des mœurs. (…) Cette libération des mœurs que nous avons appelée liberté (…) n’est qu’une vulgaire libération de tous les mauvais instincts de l’homme » (Hombeline p.86) 

 

« À partir du moment où le but de l’union de l’homme et de la femme n’est plus la procréation des enfants dans le don réciproque de leurs corps, et à partir du moment où cette union n’est plus que la recherche du plaisir physique en évitant d’avoir des enfants, alors c’est toute une civilisation qui s’écroule. (…) Nous avons baptisé du nom de liberté le déchainement de nos plus bas instincts. Pie XII, reprenant les paroles de saint Thomas, a dit “Dieu pardonne toujours, l’homme quelquefois, la nature jamais ”. Alors nous avons eu le syndrome immuno-déficient acquis »  (le SIDA) (Hombeline p.87) 

http://www.republicoftogo.com/var/ezflow_site/storage/images/toutes-les-rubriques/sante/le-sida-recule-au-togo/14321-1-fre-FR/Le-sida-recule-au-Togo_article_top.jpg


 

Le SIDA serait « la lèpre des temps modernes. Ce qui est vrai dans la mesure où, tout comme pour la lèpre pendant des siècles, il n’y a pas de traitement, et dans la mesure où le sidéen est un exclu comme l’était le lépreux. Ce qui est faux dans la mesure où, si le lépreux n’est en rien responsable de la maladie qui le frappe, ce n’est pas le cas de la plupart des sidéens » (Charité p.240)

 

 

 

Monarchie / République / Révolution
 

 

 

« Je suis monarchiste (…) je crois qu’une monarchie est préférable à une démocratie (…) » (Mathilde p.35) 

 

http://i.ebayimg.com/17/!BiO9EE!BGk~$(KGrHqMOKikEsnWbyv37BLN42TlC4w~~_12.JPG

« La fidélité à Dieu est un article de foi qui ne se discute pas. La fidélité au ROI qui en a été inséparable pendant quinze siècles se discute aujourd’hui. Pas pour moi. » (Hombeline p.140) 

 

« La Révolution française fut un grand malheur pour mon pays » (Hombeline p.16) 

 

« La Révolution dite française a été un grand malheur pour la France, d’abord, pour le monde, ensuite, en raison de l’exemple funeste qu’elle a donné. (…) Les orthodoxes (…) viennent de béatifier <leur Tsar> ainsi que sa famille massacrée pendant la Révolution. Quand l’épiscopat français aura-t-il le même courage pour le Roi Louis XVI, pour la Reine Marie-Antoinette et pour Madame Elisabeth de France ? » (Mathilde p.75) 

 

« c’est le contenu de la Révolution française qu’il faut avoir le courage  de remettre en cause dans tous ses aspects, si l’on veut arrêter cette course vers le néant. (…) C’est bien la Révolution française qui a détruit les droits de Dieu, pour leur substituer les droits de l’homme sans Dieu. » (Hombeline p.129) 

 

« Le Roi qui tient son pouvoir de Dieu, comme le patron qui tient son pouvoir de lui-même, sont par définition les hommes que la révolution a voulu faire disparaître » (Hombeline p.49) 

 

« Je pense au plus profond de moi-même que la primauté de la majorité sur la minorité ne peut fonder un État dit de droit, et que cette primauté est une forme de dictature (…) » (Hombeline p.85)

 

 

Progrès / Primauté de Dieu & loi naturelle / National-catholicisme
 

 

« le progrès <qu’on nous propose aujourd’hui> est en fait un changement, et un changement radical, un virage à 180°. On abandonne en fait le chemin tracé de la loi naturelle qui nous vient de Dieu, pour prendre le chemin tracé par l’homme » (Mathilde p.9) 

 

http://www.present.fr/pdf/jpg/7220-20101113.jpg« Une loi qui vient de Dieu, parce qu’elle vient de Dieu, ne peut être qu’une loi d’amour. Une loi des hommes, si elle viole l’ordre naturel des choses, est donc fondamentalement mauvaise, et nul n’est tenu en conscience de la respecter » (Mathilde p.10) 

 

« Je crois en effet qu’il y a au dessus des hommes une loi naturelle qui prime la loi civile parce qu’elle est conforme à la nature des hommes et parce qu’elle vient de Dieu qui nous a créés. » (Hombeline p.21) 

 

« Raoul Follereau répétait souvent : “le christianisme, c’est la révolution par la charité”. Une révolution, c’est un demi-tour à 180°. Affirmer notre foi, c’est faire à l’envers le demi-tour que nous a contraints d’accomplir la révolution de 1789. C’est à dire que chaque jour de notre vie familiale et professionnelle, nous devrons nous poser la question : l’acte que je me prépare à accomplir est-il conforme à la volonté de Dieu ? Car c’est là le vrai choix. Ou bien nos actes sont guidés par le souci de ne pas s’écarter des idées révolutionnaires, on dit aujourd’hui du politiquement correct, ou bien nos actes sont guidés par la loi naturelle, c’est à dire la loi conforme à notre nature créée par Dieu. Affirmer notre foi, c’est proclamer qu’au-dessus de la loi des hommes, il y a la loi naturelle. » (Hombeline p.130)

 

« France, douce France, mon beau pays, toi la fille aînée de l’Église baptisée à Reims et consacrée à la Très Sainte Vierge, qu’es-tu devenue ? » (Mathilde p.15) 

 

« Il y a bien eu baptême de la France et pas seulement baptême de Clovis » (Mathilde p.38) 

 

Pour son malheur, « l’homme s’affranchit de la protection divine pour s’en remettre à sa seule inspiration » (Mathilde p.9) 

 

« Une société qui n’est plus chrétienne, n’est plus solidaire » (Hombeline p.75) 

 

Opposition à Vatican II (Hombeline, p.29), opposition au socialisme, au modernisme et aux idées nouvelles (Hombeline, p.39) 

 

« Il est grand temps que les évêques se réveillent et abandonnent tous les courants d’air du temps » (Hombeline p.49) 

 

« Une nationalité se façonne lentement. Plusieurs facteurs interviennent dans ce façonnage : la terre elle-même y contribue ; le climat joue un rôle important ; les croyances religieuses l’imprègnent. » (Mathilde p.42) 

 

http://www.nationspresse.info/wp-content/uploads/2009/05/arc-259x300.jpg« La caractéristique propre de cette fin du deuxième millénaire, c’est que, dans la religion catholique comme dans le gouvernement de la France, un renversement complet des valeurs s’est opéré. Avec notre consentement, en tout cas sans que nous protestions beaucoup, on nous a fabriqué une nouvelle religion démocratique. Je ne suis pas certain que cette nouvelle religion soit catholique et que cette nouvelle république soit française ! Je suis même certain du contraire. Pour la religion, j’ai confiance à cause du “non prevalebunt” (les forces de l’enfer ne prévaudront point contre vous) qui la protège. Pour la France, j’ai peur. » (Hombeline p.57) 

 

« La justice n’appartient pas aux hommes. La justice n’appartient qu’à Dieu » (Charité p.249) 

 

« Dieu et la France » (Mathilde p.33, titre de la 1ère partie) 

 

« Voici plus d’un siècle que le laïcisme règne sur la France qui est de moins en moins chrétienne. À la place de l’ordre naturel des choses qu’enseigne le christianisme, une nouvelle religion de l’homme enseigne le bonheur universel. On commence par expliquer en quoi consiste ce bonheur universel : c’est d’abord le droit au rêve ! Ce qui se traduit dans la vie pratique par le droit à l’erreur, le droit à la fainéantise, le droit au logement, etc. ! » (Hombeline p.146) 

 

« Ces mauvais prophètes sont en réalité des révolutionnaires professionnels dont le but est de casser notre société chrétienne pour installer à sa place une société sans Dieu (…). Mais une société sans Dieu est une société sans amour (…) qui devient vite un univers concentrationnaire. » (Hombeline p.147)

    

 

Immigration / Racisme / Xénophobie
 

 

Aujourd’hui, « l’occident chrétien (…) est d’une certaine manière envahi par les pauvres du Sud et de l’Est » (Mathilde p.40) 

 

« Personne n’a jamais contesté, à qui que ce soit, le droit d’inviter chez lui qui il veut, quelle que soit sa religion ou la couleur de sa peau. Mais à condition que ce soit celui qui invite qui paie les frais de cette invitation. Et c’est là que repose toute l’ambiguïté de l’accueil des immigrés. Car ce ne sont pas ceux qui invitent qui paient les frais de toute nature, inhérents au séjour de l’immigré, mais la communauté toute entière. C’est vraiment ce que j’appelle faire la charité avec l’argent des autres. » (Hombeline p.62) 

 

« les difficultés <inhérentes à l’immigration> ne naissent pas pour des raisons de race ou de religion, elles naissent à cause d’un mode de vie : la polygamie, qui est interdite dans notre pays » (Hombeline p.62) 

 

« Entre les deux guerres, beaucoup de Polonais et d’Italiens se sont parfaitement intégrés. Dans les années qui ont suivi la guerre 39/45, s’il en a été de même avec les Espagnols et les Portugais, c’est parce qu’il n’y avait aucun problème de race ou de religion et qu’ils sont monogames. » (Hombeline p.126) 

 

http://www.nationspresse.info/wp-content/uploads/2009/02/affiche_europeennes_stop_immigration.jpg« Nous savions donc très bien (…) que les Africains, musulmans ou animistes, ont plusieurs femmes et que la notion de famille est chez eux très large. Sur le plan de la Sécurité sociale, alors que le cotisant monogame a, en moyenne, 4-5 personnes à charge, le cotisant polygame en a facilement de 10 à 20 ! Alors le déficit de la Sécurité sociale s’est mis à filer, et ce sont les Français monogames, à commencer par les salariés, qui doivent régler la note. Comme, en plus, le chômage touche beaucoup les polygames, le déficit devient exponentiel, incontrôlable et impossible à résorber. » (Hombeline p.63) 

 

« Ces familles <immigrées> ont été directement transplantées des gourbis de leurs douars ou des cases de la brousse dans un appartement ! On imagine les dégâts, involontaires, mais néanmoins considérables qui ont été causés et qui ont été mis à la charge commune de tous les locataires. Ainsi non seulement les familles monogames ont de plus en plus de difficultés pour avoir un logement HLM, mais quand elles en ont un, elles doivent payer pour les casseurs ! » (Homeline p.62) 

 

« Une fois ses femmes arrivées avec leur progéniture, le polygame (…) a considéré qu’il serait bête de continuer à travailler puisque ses femmes touchaient maintenant les allocations familiales (qu’il encaisse lui-même et garde pour lui) pour tous ses enfants et qu’il continuerait à les toucher en étant au chômage. » (Hombeline p.64) 

 

 

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« À cause de cela, on ne peut augmenter les allocations familiales, car il n’y aura bientôt plus que les monogames pour cotiser. Les familles françaises de plus de trois enfants vivent dans des conditions difficiles avec des allocations familiales dérisoires. Parce que d’autres Français ont “invité” des étrangers qui se prétendent maintenant chez eux chez nous, les familles françaises de souche sont dans la misère. (…) C’est cela qu’il faut changer parce que c’est cela qui provoque le racisme. » (Hombeline p.64) 

 

« Le RMI sera supprimé aux immigrés chômeurs en fin de droit et remplacé par un pécule qui leur sera versé à leur retour au pays, retour payé par nous. Alors, croyez-moi, il n’y aura plus besoin d’affréter des charters. Les immigrés indésirables repartiront comme ils sont venus » (Hombeline p.65) 

 

« Mais si l’on a pas le courage de prendre ces mesures, alors le ras-le-bol des Français de souche va monter en puissance (…) il y aura une guerre civile (…) la nuit de la dictature s’abattra sur la France. » (Hombeline p.65) 

 

« Humainement, je n’aperçois malheureusement aucun indice d’un changement qui puisse contredire mon très sombre pronostic. Le déclin de mon pays, amorcé en 1789 avec la Révolution, se poursuit inexorablement et cela me fait mal. » (Hombeline p.66) 

 

« Nous subissons une occupation de notre sol par des étrangers qui veulent nous imposer leurs coutumes et leur mode de vie, et qui nous menacent physiquement. (…) les Français de souche sont en état de légitime défense et ont le droit naturel de se protéger quand l’État, non seulement se dérobe à son devoir, mais favorise cette occupation. » (Hombeline p.136)
 

 

 

Loi Gayssot / Haine des socialo-communistes / Complot judéo-bolchevique / Révisionnisme / Antisémitisme
 

 

« En fait de tolérance, la République issue de la Révolution française est une montagne d’intolérance » (Hombeline p.22) 

 

« À l’heure où j’écris ce livre, nous sommes entrés dans un régime totalitaire sous couvert de la démocratie. Il est interdit de remettre en cause l’histoire officielle. Même quand elle est fausse. Ce sont exactement les méthodes qu’ont employé Hitler ou Staline (…) ils ont condamné aux camps de redressement ceux qui refusaient leur histoire. Aujourd’hui, les camps en moins, mais pas la prison, nous sommes dans la même situation. Sous le prétexte de lutter contre le racisme, la classe politique a inventé le crime de révisionnisme. Même si tu apportes des preuves irréfutables qui te permettent d’affirmer que l’histoire officielle se trompe, tu commets un crime. (…) Nous vivons dans un État dictatorial, totalitaire, intolérant et qui a l’affront de se proclamer démocratique. D’ailleurs, c’est une des caractéristiques des socialistes. Hitler se proclamait le patron du parti national SOCIALISTE allemand du travail, comme Staline était le patron des Républiques SOCIALISTES soviétiques ! (…) la classe politique française, en instituant le système de pensée unique, place les Français sous un régime policier et inquisiteur (…). Que les partis de gauche agissent ainsi, cela est conforme à leur nature, mais que des partis qui se disent de droite, aient la même attitude, est pour le moins surprenant. (…) il n’existe plus de vrais partis de droite en France. » (Mathilde p.13,14) 

 

« ceux qui ont écrit l’histoire officielle de la deuxième guerre mondiale savent que cette histoire est fausse. Comme ils craignent que tout leur système s’écroule si le peuple apprend la vérité, ils ont interdit, par une loi, la recherche de la vérité autre que la vérité officielle. Heureusement, cette loi ne concerne que les historiens français, et les étrangers sont en principe libres. Je dis bien, en principe. Car il y a une telle pression du lobby (en italique dans le texte), maître de l’information dans le monde, que cette liberté est illusoire. Mais il n’y a pas que ce lobby. Il faut savoir qu’une convention signée en 1947 entre la France et l’URSS donnait un droit de regard réciproque sur les documents relatant les événements dans les deux pays. Bien évidemment, l’URSS a obtenu et usé de ce droit d’intervention qu’elle a, par ailleurs, refusé au Ministre français. » (Hombeline p.46) 

 

« (…) il m’apparaît de mon devoir d’informer mes petits-enfants que l’histoire qu’on leur enseigne est falsifiée (…). Et aussi pour réagir contre la dictature du lobby qui a écrit une histoire où certains tentent d’accréditer la thèse qu’ils ont été les seules victimes de la barbarie nazie et dans laquelle d’autres, dont la barbarie dépasse la barbarie nazie, veulent à tout prix cacher qu’ils ont été longtemps les alliés du nazisme (…). » (Hombeline p.61) 

 

« Il y a dans cette loi Gayssot, une espèce de collusion entre une religion et un parti politique, dans le seul but de discréditer (en attendant le goulag), tous ceux qui contestent l’histoire de la guerre 39-45, écrite par cette religion et ce parti. » (Hombeline p.138) 

 

« Parce qu’ils ont été affreusement massacrés par Hitler, les Juifs se considèrent d’une certaine manière comme les seules victimes du nazisme. (…) Personne ne conteste non plus la persécution des communistes par les nazis (…). On dirait donc qu’il y a une sorte de collusion pour que, surtout, on ne parle pas des Chrétiens qui, eux, ont été persécutés par Hitler pendant douze ans, mais aussi, et pendant bien plus longtemps, soixante-douze ans par Staline et ses élèves des pays frères » (Mathilde p.14) 

 

« Depuis cinquante ans, on a enseigné aux petits Français des mensonges. » (Hombeline p.55) 

 

« (…) je m’honore d’être resté ce qu’on appelle un anti-communiste primaire et d’avoir combattu sans complexes et de toutes mes forces ces idées et ceux qui les répandaient » (Hombeline p.26)

 

« (…) tant qu’on continuera à traiter comme des criminels ceux qui s’insurgent contre les mensonges officiels et qui s’obstinent à vouloir connaître la vérité, on ne résoudra rien. Pire, on ne fera qu’envenimer la fracture de la France qui a commencé avec ce que l’on nomme à tort la “Libération”. » (Mathilde p.139)

 

À propos de la Terre Sainte et des Croisades : « C'est la colonisation anglaise qui a permis en fait aux chrétiens de venir prier à nouveau sur les Lieux Saints. Mais depuis un demi-siècle, l'Église catholique  doit faire face à un autre adversaire : le Judaïsme. Pour l'amadouer, l'Église a pourtant supprimé le terme de perfidis contenu dans les prières de la Semaine Sainte. Elle est même allée jusqu'à abandonner l'accusation de la Crucifixion du Christ Cela n'a servi à rien. Le pardon est vraiment une vertu fondamentale qui la distingue de beaucoup de religions. » (Mathilde p.48)


 

Maréchal Pétain / Pierre Laval / Régime de Vichy
 

 

En 1940, Raoul Follereau « sait que le Maréchal Pétain n’a pas d’autre choix que de demander l’armistice et qu’il va faire le sacrifice de sa gloire pour protéger les Français. La condamnation du Maréchal en 1945 sera pour lui une plaie jamais cicatrisée. » (Hombeline p.57) 

 

« Jamais je n’admettrai le sort qui a été réservé au Maréchal Pétain, au président Laval et à ceux qui leur ont obéi, car pendant quatre longues années ils ont du résister, eux aussi, aux Allemands avec le revolver sur la tempe » (Hombeline p.55) 

 

Par le procès du Maréchal Pétain « On a élevé la désobéissance à l’état de vertu et on a désigné comme criminels ceux qui avaient obéi. Non seulement on a inversé l’échelle des valeurs, mais on a détruit le sens du devoir dans le cœur des hommes. Et cela pour de nombreuses années. » (Mathilde p.144)

 

Cinquante ou soixante années plus tard « (…) il fallait absolument retrouver rapidement les derniers “criminels” qui restaient en vie, pour refaire leur procès, et cette fois les condamner définitivement. C’est ainsi que Paul Touvier (…) fut de nouveau arrêté, rejugé (…) et malgré son âge et son état de santé, condamné et emprisonné à vie à la Santé où il mourut. » (Mathilde p.147) 

 

Le procès du « Préfet Papon (…) a présenté les caractéristiques d’un procès révolutionnaire » (Hombeline p.79) 

 

http://www.resistances.be/images/fsspx1011.jpg« Après la défaite de 1870, la France avait retrouvé ce sursaut d’énergie qui avait fait sa grandeur avant la Révolution. Cela n’a duré que cinq ans, le temps que nous hésitions entre la république et la monarchie. Après la défaite de 1940, nous avons connu un même sursaut dans les mois qui ont suivi l’armistice. Ce fut ce que l’on appelle avec dérision aujourd’hui la Révolution Nationale. » (Hombeline p.132) 

 

« Le Maréchal Pétain et le Général de Gaulle ont fait chacun, en son âme et conscience, ce qu’ils jugeaient le meilleur pour la France et les Français. Que dans l’exercice de leur pouvoir, des erreurs aient été commises, c’est vrai. Mais que celui qui est sans défaut leur jette la première pierre : pas les hommes et les partis politiques qui sont les responsables du désastre ; pas les communistes qui ont commencé par déserter et trahir la France, pas les Juifs qui ont toléré une sélection pour les arrestations (voir la déclaration d’un témoin, grand résistant au procès Papon), pas ceux qui n’ont pas connu cette période et à qui on a enseigné jusqu’à ce jour une histoire falsifiée, etc… » (Hombeline p.134) 

 

http://lewebpedagogique.com/biteau/files/2009/03/2fi1-small.jpg« (…) je pense de toutes mes forces que le Général de Gaulle, le Maréchal Pétain et le Président Laval ont joué chacun à leur place le rôle que leur assignaient les circonstances. J’étais persuadé que le jour de la victoire les masques tomberaient et que la vérité apparaîtrait en toute clarté. C’est lorsque je vis de Gaulle signer un accord avec Staline et faire rentrer les communistes qui pour moi étaient des traîtres, que j’assistai à l’arrestation du Maréchal et à l’assassinat de Pierre Laval, que je compris que nous avions été trompés » (Mathilde p. 134) 

 

En 1940, « Les Français dans leur très grande majorité approuvent la politique du Maréchal, même quand son gouvernement élimine les Juifs et les francs-maçons de la fonction publique. En effet, l’opinion publique traumatisée par la défaite réclame le châtiment des coupables. » (Mathilde p.117) 

 

« (…) vers la fin des années 1920, lorsque le mark s’est effondré, les Juifs qui détenaient une grande partie du commerce et de la banque à Berlin, ont beaucoup moins souffert que la plupart des autres Allemands » (Mathilde p.107) 

 

« (…) ce n’est pas le gouvernement de Vichy qui a déporté les Juifs, ce sont les Allemands qui, par la défaite de mai-juin 1940, sont les maîtres absolus de la France » (Mathilde p.118) 


http://www.modia.org/poeme/auschwitz/rafle-paris.jpg

« En France, c’est à partir de l’occupation totale du pays fin 1942, que la férocité nazie va s’intensifier. (…) Les Juifs vont payer un lourd tribut, mais les catholiques et les communistes aussi ». (Mathilde p.) 

 

« Ceux qui ont changé de camp en 1942 (sont) des opportunistes » (allusions aux vichysto-résistants tels François Mitterrand, François Valentin et de nombreux autres qui ont constaté - souvent après mi-1942 - l'impasse politique et militaire dans laquelle se trouvait le Maréchal Pétain) (Mathilde p.139) 

 

« Le jour sinistre de juillet 1940 où Churchill ordonne l’attaque contre la flotte française, il se montre sous son vrai jour : froid et rancunier, prêt à tout pour gagner. (…) Sans aucun état d’âme, il décide de frapper son allié fidèle et de détruire sa flotte. » (Mathilde p.122) 

 

« Deux ans plus tard, <Chruchill> ordonnera le bombardement des villes allemandes sous des tempêtes de feu. (…) Le massacre des populations civiles pendant une guerre reste un crime, pas seulement un crime de guerre, mais un vrai crime contre l’humanité. » (Mathilde p.122) 

 

http://fxeuzet.free.fr/blog/1941/france/03-10.jpg « C’est pendant cette année 1942 que la RAF soutenue par l’aviation américaine qui débarque chaque jour en Angleterre va commencer à bombarder l’Allemagne sans pitié et sur une échelle jamais atteinte » (Mathilde p.129) 

 

« En décembre 1941, sans avertissement, les Japonais attaquent la flotte américaine à Pearl-Harbour. (…) Roosevelt va donc pouvoir réaliser son rêve : aider les communistes à qui il livrera dans la seule année 1943, près de 250.000 véhicules, chars, camions et voitures ! » (Mathilde p.127) 


« Pour être un patriote, il faut se comporter comme un vrai Français et n’obéir qu’à des Français. (…) En 1941, sur ordre du communisme international, les communistes français se mettent à attaquer l’armée allemande alors que le gouvernement français a signé un armistice. (…) ils ne peuvent en aucun cas être considérés comme des patriotes français puisqu’ils se sont toujours battus contre la France » (Mathilde p.134) 

 


 

 

La Fondation Raoul Follereau : un organisme familial de type monarchique
 

 

« notre vie familiale et privée est étroitement liée à la vie de la Fondation Raoul Follereau (…) j’ai mis en place une structure dont ton père <Michel Récipon> a maintenant la responsabilité. (…) Contrairement à

http://www.testntrust.com/resource/images/item/4798

ce que certains avancent (…) ce n’est pas une famille qui s’est emparée d’un héritage, c’est une famille qui s’est chargée d’une tradition, celle de poursuivre l’œuvre de Raoul Follereau. C’est l’honneur de ton père <Michel Récipon> de la maintenir aujourd’hui, et ce sera, demain, le tien et celui de tes frères et sœurs. (…) » (Mathilde p.31, 32) (à rapprocher du propos ci-dessus sur le rôle des aînés vis-à-vis du maintien des traditions)


 

« le 23 mai 1992, lors de l’assemblée générale, j’ai fait la déclaration suivante : “(…) je suis ici pour transmettre le flambeau tel que je l’ai reçu de Raoul Follereau. À mon tour, je déclare solennellement devant vous que je confie à mon fils Michel la charge de l’œuvre que j’ai reçue de Raoul Follereau et que je lui demande de poursuivre”. » (Charité p.21, 22)

 

 

 

Divers / Inclassables
 

 

« Alors que mes actions <humanitaires> sont politiquement correctes, mes déclarations seraient selon les critères du jour, manifestement politiquement incorrectes. » (Hombeline p.61) 

 

Notre famille « est vraisemblablement issue d’une famille gauloise et d’une famille romaine venue en Gaule au moment de la conquête » (cette remarque - totalement irrecevable d'un point de vue purement scientifique - est néanmoins intéressante venant d'un homme pour lequel il est capital d'être un vrai Français de souche. À rapprocher de l'intervention du député Xavier Vallat (virulent national-catholique, comme Follereau et Récipon, qui deviendra en mars 1941 chef du Commissariat Général aux Questions Juives) lors de la prise de fonction, en 1936, de Léon Blum comme nouveau président du Conseil "pour la première fois, ce vieux pays gallo-romain, sera gouverné par un Juif")  (Mathilde p.18) 

 

« la “conscience universelle” a exigé qu’en Afrique du Sud, le pouvoir soit remis à un révolutionnaire » (allusion à Nelson Mandela et à la fin de l'apartheid) (Hombeline p.124) 

 

« (…) pour les démocrates, la priorité des priorités comme disent certains d’eux, c’est de juger le général Pinochet. Tout le monde a oublié ou veut oublier qu’il a été porté à la tête de son pays par le peuple tout entier exaspéré par les crimes et les exactions du communiste Alliende, et que, pendant son gouvernement, il n’a fait que poursuivre ceux qui avaient persécuté son peuple. » (Mathilde p.141) 

http://www.decapactu.com/spip/IMG/jpg/UMPSaffiche.jpg

 

« (…) les Français s’interrogent en se demandant s’il existe encore des partis de droite en France en dehors du Front National mis au ban du pays ? Sur ce point, ma réponse est franchement : non » (Mathilde p.14) 

 

« Plus on tardera à faire au Front National la place qui lui revient par les suffrages, plus son succès s’affirmera au fur et à mesure des consultations, jusqu’au jour où il aura la majorité, et plus on donnera raison à ses extrémistes. » (Hombeline p.136) 

 

« je me laisse aller à la tristesse ambiante en citant de mémoire une phrase de Robert Brasillach, extraite de son roman Comme le temps passe (…) » (Charité p.124) (voir aussi la défense de Robert Brasillach dans Mathilde p.144). Nous ne pouvons pas taire ce "détail". Jean-Marie Le Pen s'amuse, lui aussi, à citer Robert Brasillach qui fut, rappelons-le, rédacteur en chef du journal antisémite et ultracollaborationniste Je suis partout sous le Maréchal Pétain (ici, à 1'26"). Encore un de ceux, sans doute, qui ont "protégé" les Français lorsque ces derniers avaient un revolver sur la tempe ...

 

« Aujourd’hui, il n’y a plus de bagnards en Guyane. Le bagne a été fermé voici un demi-siècle. (…) s’il y eut, effectivement, quelques graves erreur, la plus grande partie des bagnards étaient des individus qui avaient commis des crimes affreux. Avant de plaindre les bagnards, il faudrait parler de leurs victimes et rappeler que le bagne avait un côté dissuasif qui reste la meilleure des préventions contre les crimes. (…) C’est pourquoi je regrette la fermeture du bagne de Cayenne. » (Charité p.187) 

 

 

 

 

Conclusion - Notre opinion
 

 

Il n'était malheureusement pas possible de citer intégralement ces trois livres qui font, chacun, entre 150 et 200 pages. Néanmoins, ces extraits permettent de toucher du doigt le positionnement idéologique d'André Récipon.

 

Nous retrouvons une profonde convergence idéologique entre Raoul Follereau, dont nous avons exposé ici la pensée politique, et André Récipon. Tous les deux manifestent clairement des idées réactionnaires, ultraconservatrices, où la hantise du bolchevisme - qui peut se concevoir - se conjugue avec l'antisémitisme et la xénophobie. Donc, quelque part, Raoul Follereau a bien choisi son héritier spirituel.

 

Pour autant, un point nous étonne. Alors que Raoul Follereau eut la sagesse, au sortir du second conflit mondial, de mettre en sourdine ses idées politiques et de dissimuler son passé fasciste - quitte à devenir le faussaire de sa propre Histoire (ici) - ne laissant ainsi apparaître que les aspects positifs de sa personnalité, au contraire, André Récipon prend le risque, dans ce qui peut apparaître comme une forme d'orgueil, de révéler publiquement sa vraie nature. Ces deux lettres ouvertes n'auraient, en effet, jamais du sortir du contexte familial auquel elles étaient destinées.

 

Concernant la pertinence de ces propos, il serait trop long de tout analyser. Ce qui est clair, c'est qu'André Récipon se vautre très largement dans des raccourcis intellectuels et des associations d'idées nauséabondes. 

 

Accabler un sidéen sous prétexte qu'il aurait contribué à son sort est un profond manque de charité chrétienne pour quelqu'un qui prétend en avoir beaucoup.

 

Affirmer que des concubins se comportent comme des bêtes car ils ne se marient pas décrit bien le joug moraliste contre lequel la société s'est révoltée, que ce soit en 1789 ou en 1968.

 

Soupçonner un lobby judéo-bolchevique d'empêcher que la lumière soit faite sur la seconde guerre mondiale relève du même niveau intellectuel que ces torchons antisémites d'entre-deux guerres telle La Libre Parole où collabora Raoul Follereau en 1936 (ici).

 

Dire que la Révolution Nationale du Maréchal Pétain fut un sursaut  d'energie pour la France revient à honorer ceux qui bradèrent la France à l'ennemi nazi dans le vain espoir de participer à une Europe germanisée (ici). Dans l'Histoire de France, le Maréchal Pétain avait eu un  prédécesseur en la matière en la personne de Charles VI qui, par le Traité de Troye, offrait la France à la couronne d'Angleterre. Sans nul doute que, Charles VI, lui aussi, avait probablement pour unique ambition de protéger les Français de la guerre.

 

Pour finir cette liste à la Prévert (quoique nettement moins poétique), disons juste que caricaturer les immigrés africains en les faisant tous passer pour profiteurs sociaux, des RMIstes et des polygames, revient à jouer au pompier pyromane en jettant perfidement de l'huile sur un dossier déjà brûlant.


Entre Raoul Follereau et André Récipon, nous retrouvons donc les mêmes fondamentaux idéologiques et les mêmes méthodes : sophismes, mensonges, démagogie et populisme. Le tout dissimulé derrière une façade d'honorabilité. Mais, à la différence de son aîné, André Récipon n'a pas l'incroyable talent d'orateur qui permettait à Raoul Follereau d'émouvoir, et ainsi, de faire oublier l'indigence de ses raisonnements.

 

http://www.raoul-follereau.org/jml2008/images/2.jpgNous achèverons notre article en soulignant qu'aujourd'hui, c'est Michel Récipon, dont la seule légitimité est d'être le "fiston" de son père, qui est aux commandes de la Fondation Raoul Follereau. Apparemment, il en sera de même pour ses enfants. La Fondation Raoul Follereau présente donc la caractéristique d'être une des rares fondations reconnues d'utilité publique au fonctionnement monarchique héréditaire.

 

Il s'agirait d'une PME qui vend des produits ou des services, cela nous ferait ni chaud ni froid.Or, dans le cas de la Fondation Raoul Follereau, il s'agit d'un organisme qui fait appel à la générosité du public et qui bénéficie d'avantages fiscaux significatifs (exonérations des legs et des dons, réductions d'impôt sur le revenu ou d'impôt sur la fortune, etc.). Il nous semble donc important de faire savoir aux donateurs quelle est la véritable nature des bénéficiaires de leur générosité. Chacun restant libre, une fois informé, de faire ses choix en toute connaissance de cause.

 

 

 

 

Pour être sûr de lire la dernière version de cet article, consulter notre blog ici.

http://follereau-entre-ombre-et-lumiere.over-blog.com/ 

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6 octobre 2010 3 06 /10 /octobre /2010 10:55

 

Message 20 janvier 2011

Retrouvez cet article mis à jour dans notre livre PDF gratuit.

 

 


Nous poursuivons notre enquête sur les faces cachées de Raoul Follereau.

Lors de nos articles précédents (ici ou ici ou encore ), nous avons déjà exposé les penchants pétainistes et ultracléricaux de Raoul Follereau.

Nous avons également développé notre conviction selon laquelle Raoul Follereau a cherché, dès le milieu des années 1950, à trafiquer sa propre histoire, en profitant de son aura acquise par ses actions en faveur des lépreux pour tenter de faire croire qu'il leur avait consacré sa vie, toute sa vie (ici).

 

Nous abordons aujourd'hui dans ce nouvel article les relations entre Raoul Follereau et Charles de Foucauld. Nous allons exposer dans quelle mesure Raoul Follereau a pu être qualifié de "marchand du temple" par Louis Massignon dans ses correspondances privées.


Rappel de l'épisode des marchands du temple

L'épisode des marchands du temple est un épisode biblique connu qui figure dans les évangiles de Matthieu (21, 12-17) et de Jean (2, 13-22). Vous le trouverez sur internet sans difficultés (ici, par exemple).

 

http://www.blog-catholique.com/dotclear/public/marchands_du_templs.jpg

 

 

 

Rappel du contexte

Depuis le milieu des années 1920, Raoul Follereau dirige la Ligue d'Union Latine,  groupuscule soi-disant http://mesi07.com.ar/Medallas/M1632.jpgculturel qui est, en réalité, un organe de diffusion des principaux thèmes politiques du maurassisme (défense de la civilisation gréco-latine, nationalisme intégral) et d'un national-catholicisme à la française (voir ici ou ici).

 En 1936, Raoul Follereau franchit une nouvelle étape essentielle : il découvre la vie de Charles de Foucauld et y retrouve tous les fondamentaux politiques et religieux qui lui paraissent essentiels.

Raoul Follereau décide alors d'utiliser le nom et l'image de Charles de Foucauld pour promouvoir ses idées.


 

 

 

Raoul Follereau, catholique ? Non. National-catholique.

http://ilyaunsiecle.blog.lemonde.fr/files/2008/11/ingres-jeanne-darc.1226901177.jpgLes convictions catholiques de Raoul Follereau sont probablement sincères et un certain nombre de ses écrits plaident en ce sens. Si nous rajoutons ses talents incroyables de prédicateur public, nous pouvons comprendre pourquoi un nombre important de personnes, dont des catholiques de bonne foi, ont été séduites et même enthousiasmées par ses discours.

 

Néanmoins, ce serait méconnaitre la réalité du personnage de Raoul Follereau que de le réduire à sa seule dimension catholique. En effet, Raoul Follereau fait partie de cette faction ultradroitière du catholicisme qui associe étroitement convictions catholiques et ultranationalisme. Chez Raoul Follereau, l'un n'est pas dissociable de l'autre.


Pour Raoul Follereau et ses comparses, le baptême de Clovis a fait de la France la fille aînée de l'Église. Elle est l'héritière de Saint Louis et de Jeanne d'Arc ; elle a été forgée par mille ans de dynastie capétienne et serait, à ce titre, chargée d'une mission divine et spirituelle spécifique. Le Réforme protestante, les Lumières, la révolution de 1789, les lois de laïcisation de 1905, etc. sont des accidents de parcours causés car des puissances occultes et les sociétés secrètes qui dénaturent la vraie France, celle que Charles Maurras qualifie de pays réel.


Transposé à notre configuration actuelle, le positionnement politique et religieux de Raoul Follereau correspondrait à la tendance la plus traditionnaliste, voire franchement intégriste, de la communauté catholique française. D'ailleurs, nous aurons l'occasion de le démontrer dans un article à venir sur les écrits contemporains d'André Récipon, le fils spirituel de Raoul Follereau choisi par ce dernier pour poursuivre ses œuvres et père de l'actuel président de la Fondation Raoul Follereau.

 

http://img337.imageshack.us/img337/7913/copiedeafautoclesroisonaq3.jpgDans ce contexte, pour Raoul Follereau, tout ce qui éloigne la France de sa vocation mystique est banni : il s'agit des forces de l'Anti-France dénoncées par Charles Maurras, ces forces qui détournent la France, la vraie, de sa mission divine. Par Anti-France, il faut comprendre les "métèques", les juifs, les francs-maçons, les protestants, les socialo-communistes, etc. ... autrement dit, tous ceux qui n'ont pas la Foi en la France, fille aînée de l'Église telle que décrite ci-dessus.

A contrario, Raoul Follereau honore et promeut autant qu'il peut les missionnaires catholiques français qui incarnent, à ses yeux, le "vrai visage de la France".

Ces agents de la France évangélisatrice et missionnaire sont d'autant plus honorables pour Raoul Follereau qu'il est convaincu que la civilisation catholique est la forme suprême de civilisation et d'art de vivre et qu'il échoit à la France, plus qu'à toute autre nation de la terre, de la répandre et de la diffuser.


Charles de Foucauld, icône nationaliste ?

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/60/Charles_de_Foucauld.jpgCharles de Foucauld est un missionnaire français assassiné en 1916 au fin fond du désert algérien. Sa vie se caractérise notamment par une conversion personnelle radicale, passant d'une vie de luxe et de débauche à une vie quasi érémétique au milieu du peuple touareg.

D'une certaine façon, le mode de vie et le destin du Père de Foucauld au sein du peuple touareg pourraient être rapprochés de ceux des moines de Tibérine assassinés en 1996 (film à voir).

Mais Charles de Foucauld est également un ancien officier de l'Armée française qui a gardé de forts liens avec ses anciens frères d'armes. C'est aussi un patriote fervent qui a pu écrire ou tenir des propos qui seraient, aujourd'hui, qualifiés de politiquement incorrects (par exemple, voir ici un article polémique).

C'est à cause de cette dualité de personnage que les catholiques se sont divisés, dès l'entre-deux-guerres, quant à l'interprétation de l'œuvre de Charles de Foucauld.

Certains membres du clergé catholique français ont cru pouvoir reconnaître en Charles de Foucauld un représentant modèle de la France conquérante, nationaliste et colonialiste. Raoul Follereau va s'engouffrer dans cette brèche et utilisera massivement les nom et image de Charles de Foucauld pour la promotion de ses propres activités nationalistes.

Cela va sans dire que cette utilisation s'est faite sans l'autorisation de qui que ce soit.


Détournement de Charles de Foucauld par Raoul Follereau

Convaincu de retrouver en Charles de Foucauld les fondamentaux nationaux-catholiques dans lesquels il croit, Raoul Follereau va utiliser le nom et l'image de Charles de Foucauld dans le cadre de ses activités de propagande française. Car, pour Raoul Follereau, propagande française signifie propagande catholique. Pour Raoul Follereau, la France, c'est le catholicisme et le catholicisme, c'est la France.

http://s1.e-monsite.com/2009/09/18/12/92558904tombe-de-charles-de-foucaut-a-el-golea-lieu-de-l-assassinat-jpg.jpgRaoul Follereau créée donc les "Fondations Charles de Foucauld" en 1937 et entreprend de lever des fonds auprès du public afin, officiellement, de construire l'Église française du Sahara. Il voit dans cette œuvre missionnaire le bastion avancé de la France, de la vraie France. Aux yeux de Raoul Follereau, Charles de Foucauld est le "Chevalier des Sables" qui porte haut l'étendard de la France catholique au cœur des contrées païennes.

 

Pour lever des fonds, il a trouvé une idée : faire vendre par ses sympathisants des images du Petit Frère universel, Charles de Foucauld, et multiplier les quêtes dans tous les milieux sociaux ou professionnels.

Pour Raoul Follereau, reconstruire l'Église du Sahara, c'est glorifier le visage de la France chrétienne au plus profond de l'Algérie. En quelques mois, il rassemble d'importantes sommes d'argent et, en octobre 1937, il peut se réjouir d'annoncer la prochaine inauguration de la première église du Sahara, celle d'El Goléa. Il en profite pour rappeler clairement le fond réel de son action :

 

"En Charles de Foucauld, la France chrétienne retrouve son visage, elle s'exprime par lui, elle se reconnaît en lui. Et le Monde tout entier la reconnaît en lui. (...) C'est du désert que nous vient aujourd'hui la grande figure blanche qui nous affirme l'immortalité de la France et de sa foi. (...) Et si Charles de Foucauld mourut, martyr de sa foi, nous ne saurons jamais oublier qu'il tomba pour la France, que le saint Ermite était demeuré le patriote le plus accompli, le plus ardent qu'on puisse rêver, qu'il sut servir, comme le font avec tant de dévouement nos milliers de missionnaires, sa Croix et son Drapeau, exaltant l'une et l'autre dans son âme splendide incapable d'imaginer leur désunion. Celui-là, vraiment, fut de la France, fille aînée de l'Église. Premier Croisé du désert, premier "Chevalier des Sables", il résuma toute l'histoire de la France dans sa simple et grandiose épopée." (Œuvres complètes de Raoul Follereau, Appels, page 309).

Le 1er décembre 1946, Raoul Follereau lance le "Noël du Père de Foucauld" qui consiste à collecter des jouets pour des enfants déshérités et à leur remettre pour fêter la Nativité du Christ.

Pendant l'été 1948, Raoul Follereau se lance dans la vente de quatre nouveaux timbres-vignettes à l'effigie du Père de Foucauld et des lieux où il a vécu.

Toujours en 1948, Raoul Follereau émet des "bons de Charité" à l'effigie de Charles de Foucauld. Ces bons de charité auraient pour objet, selon Raoul Follereau, de valoriser les actions caritatives de leurs titulaires en constituant un patrimoine moral à transmettre à ses enfants.

De façon plus classique, Raoul Follereau multiplie les conférences de promotion de sa France catholique chargée d'une mission civilisatrice en s'appuyant sur ce qu'il croit être la vie de Charles de Foucauld.


Raoul Follereau, un marchand du temple

La façon qu'a Raoul Follereau d'utiliser le nom et l'image de Charles de Foucauld ne plaît pas à tout le monde. Certains y voient un détournement inacceptable de la notoriété du Petit Frère universel qu'est Charles de Foucauld  au profit d'œuvres qu'il n'aurait pas approuvées. Les réactions débutent avant la seconde guerre mondiale mais se calmeront pendant le conflit. Elles reprennent de plus belle à partir de 1945.

 
Dans les extraits repris ci-dessus, apparait le rôle de Louis Massignon, célèbre islamologue et "gardien du temple" de la spiritualité du Père de Foucauld.

 

 "Une brisure s’est produite au sein du milieu catholique français cohabitant avec les musulmans d’Afrique du Nord. Elle ne cesse de s’accroître après 1945. En témoignent les divergences de lectures adoptées par ceux qui tentent de capter l’héritage du père de Foucauld. Dans une vaste galerie de saints, Massignon fait de l’ermite du désert un intercesseur et il a placé sous son patronage le filleul aimé (Abd-El-Jalil), œuvrant dès la fin des années vingt pour la canonisation de celui qui a été assassiné en 1916. Les premiers signes de tension apparaissent autour de 1936, lorsque Georges Gorrée, ex-Petit frère de Jésus, publie Sur les traces du Père de Foucauld, essai suivi par Les Amitiés sahariennes du Père de Foucauld dont le contenu et le titre originel ont effrayé Abd-el-Jalil : « Mgr Dreyer m’a également appris une chose qu’il est urgent que vous connaissiez à cause du retentissement qu’elle aurait, non seulement pour le procès de canonisation du Père de F. mais encore pour sa ‘réputation de colonialiste’ auprès de nos frères d’islam. Le P. Gorrée va publier un livre sous le titre ‘Ch. de Foucauld, officier de renseignements’. (...) On a essayé d’agir sur le P. Gorrée par Mgr Vielle. (...) Que faire ? Ne pouvez-vous pas, vous-même, intervenir auprès du P. Gorrée » (8.III.1939). Les deux hommes assistent, impuissants, à la diffusion de ces publications, à l’organisation de la grande exposition de 1946 aux Invalides, largement financée par les Fondations Charles de Foucauld de Raoul Follereau, et ils ne peuvent empêcher le même Follereau et Robert Garric d’assister le maréchal Juin pour célébrer Foucauld « comme patron de sa croisade policière le 1er décembre 1953. » "


in Massignon - Abd el Jalil : Parrain et filleul. Correspondance rassemblée et annotée par Françoise Jacquin, préface par Maurice Borrmans, éditions du Cerf. Cet extrait est visible sur internet ici.

 

 


 "Exposition et Cahiers Charles de Foucauld.
L'évolution de l'Association (il parle ici de l'Association Charles de Foucauld, "l'officielle") en groupement de vie évangélique se préparait. (...) Le Père Gorrée contribua, lui aussi, à faire connaître la figure de Charles de Foucauld collaborant avec l'abbé Louis à organiser l'exposition des Invalides et en fondant la revue intitulée "Les Cahiers Charles de Foucauld". L'idée d'une exposition ayant pour but de révéler au grand public la figure du Père était venue à l'aumonier des Invalides. Dès le mois de décembre 1945, le projet d'une exposition se précisa. (...)
L'exposition débutera avec un mois de retard et restera ouverte à Paris jusque vers la fin de juillet (1946). La mise en valeur de l'aspect colonial et militaire du milieu dans lequel Charles de Foucauld avait vécu et de son rayonnement sur les militaires sahariens, devait immanquablement susciter des polémiques et des critiques. Le premier à réagir fut Louis Massignon qui avait alerté le Père Voillaume dès le 19 décembre 1945 par la lettre suivante : « L'exposition Foucauld aux Invalides aura un budget de deux millions et demi fourni probablement par R. Follereau que l'abbé Louis a mis dans son Comité ; avec le Père Gorrée qui est chargé du "rayonnement" (les guillemets sont dans le texte) du Père de Foucauld. Le Père Gorrée est venu m'annoncer qu'il était propriétaire fondateur des "Cahiers Foucauld" (j'ai fait des réserves, mais quoi de plus ?), qu'il comptait les lancer grâce à l'exposition. (...) son esprit n'est pas le notre. La Fondation Follereau, grâce à l'exposition, deviendra une sorte de "Caisse Foucauld", avec exclusivité et monopole ; déjà les pauvres sœurs des Mazes ne peuvent trouver de secours ; elles répugnent à passer par cet intermédiaire. C'est un sujet de film, ancien et actuel : "Les Marchands dans le Temple". » (...) Deux questions se posaient : l'ambiguïté de la Fondation Foucauld de Raoul Follereau, et le projet de "Cahiers" de Georges Gorrée. En ce qui concerne la "Fondation Charles de Foucauld", Massignon écrivait à René Voillaume quelques mois plus tard pour lui demander de se désolidariser de M. Follereau par une note insérée dans le Bulletin. (...) Il faut encore noter un nouveau différend qui opposa Georges Gorrée à Massignon. Celui-ci avait demandé, à l'occasion de la parution du premier "Cahier", qu'il transmette une note de mise au point relative à la "Fondation Charles de Foucauld" de Raoul Follereau. Georges Gorrée s'y refusa. R.Voillaume lui écrivit le 9 octobre : "Je regrette beaucoup votre rupture avec Massignon, que vous rendez difficilement réparable en refusant de publier sa note. Je comprends la difficulté de la situation dans laquelle vous vous trouvez, mais je comprends aussi le jugement de Massignon qui a entièrement raison pour le fond. (...) Car il est absolument hors de doute qu'on dessert la mémoire du Père de Foucauld, à vouloir l'utiliser sur un terrain dont il aurait eu lui-même horreur. (...) Sans vouloir aucunement se prévaloir d'une sorte d'exclusivisme en matière de spiritualité du Père de Foucauld, le devoir de ceux qui, comme nous, sommes considérés comme disciples du Père, est bien de défendre son esprit et sa mémoire contre des déformations."


in Louis Massignon au cœur de notre temps, Jacques Keryell, éditions Karthala, page 186 lisible ici.

 

 


Sans doute est-ce suite à cet échange de courrier entre le Père Voillaume et Georges Gorrée que les Cahiers Charles de Foucauld publièrent, le 8 septembre 1946, la lettre de Louis Massignon :


http://www.pordic.fr/admin/upload/Louis_MASSIGNONbis.jpg"Je ne conteste pas l'excellence de ses intentions (Massignon parle ici de Raoul Follereau), mais j'estime que rien ne l'autorise à assumer le nom de "Foucauld", ni le nom des "fondations Foucauld" au pluriel, l'investissant du monopole du ravitaillement matériel des œuvres religieuses remontant, elles, authentiquement, à la spiritualité du père de Foucauld. L'ambiguïté de ce titre est choquante. Que "Foucauld" serve d'étiquette, d'appellation d'origine à une marque de cigares, de cognac, ou même à un paquebot, personne ne peut s'y tromper. Mais, pour organiser parmi les fidèles des "fondations Foucauld", il faut produire, à défaut d'une exécution testamentaire, la preuve d'un lien de conformité spirituelle. Ce qui n'est pas le cas ici. En attendant que l'autorité ecclésiastique soit saisie de la question, je me sens tenu de protester, comme membre du groupe des quarante-neuf premiers associés à la prière du père de Foucauld, et comme membre du conseil de l'association autorisée par le Cardinal Amette le 10 septembre 1919."

 

cité par Thévenin dans Raoul Follereau, Hier et Aujourd'hui, éditions Fayard, 1992, page 223.

 

 


"En novembre 1955, à Beni-Abbès, l'Association Charles de Jésus - Père de Foucauld est constituée. Elle prolonge l'ancienne association mise en place par Massignon et, entre autres buts, elle entend "défendre la mémoire de Charles de Foucauld et le sens de son message contre les déformations auxquelles ils sont exposés". C'est l'époque de la douloureuse décolonisation de l'Afrique du Nord et le souvenir de Charles de Foudauld est utilisé pour justifier les attitudes les plus diverses. Les amis de Massignon veulent imposer la vision d'un Père de Foucauld vivant dans le silence et la discrétion, tourné vers une démarche toute spirituelle et ouvert à la dimension universelle, de préférence à celle d'un Père de Foucauld héraut de la France chrétienne chargée d'une mission colonisatrice. Ils se méfient de Raoul Follereau, craignent qu'il ait mal compris le message de Charles de Foucauld et ne l'utilise pour un activisme nationaliste."

ibid, page 226.




http://www.jesuscaritas.info/jcd/fr/system/files/images/RV-2portraitw.medium.pngEn 1988, le Père René Voillaume témoigne de la façon suivante : "J'ai rencontré Raoul Follereau pour la première fois lors de l'inauguration de l'église d'El-Goléa et d'un buste de Charles de Foucauld. Il était alors président de la Ligue d'Union latine, ligue culturelle et politique qu'on disait à l'époque de tendance fascisante. Cette réputation était telle que les officiers de l'annexe d'El-Goléa avaient reçu du gouvernement des directives de grande discrétion à son égard. Nous nous tenions volontairement à l'écart de ce mouvement qui n'était pas d'ordre purement spirituel. Jamais les fondations Charles de Foucauld de Raoul Follereau n'ont fait partie des différents groupements et autres associations de la famille spirituelle de Charles de Foucauld".

Témoignage du Père Voillaume, recueilli et cité par Etienne Thévenin, ibid, page 138.


Conclusion

En 1946, Raoul Follereau rebaptise sa Fondation "Ordre de la Charité" et renonce donc, au moins en ce qui concerne la dénomination officielle, à utiliser la notoriété du Père de Foucauld. Néanmoins, comme nous l'avons vu, il poursuit avec fougue ses initiatives "marketing".

 

Cet épisode de la vie de Raoul Follereau illustre finalement assez bien toute la problématique qui entoure le personnage : tout comme le Vatican reprochera à Charles Maurras de reléguer la religion catholique à une fonction strictement utilitariste au service d'une conception politique de la société, nous pouvons nous demander, concernant Raoul Follereau, comment se distinguent précisément la finalité de son action et les moyens qu'il emploie pour y parvenir. Cette difficulté résulte du fait qu'avec Raoul Follereau, religion et nationalisme sont intimement liés et, de ce fait, difficilement dissociables. Promouvoir le message de Charles de Foucauld sert, en réalité, à faire de la propagande française. Ainsi, pour Follereau, reconstruire l'Église du Sahara ne constitue pas une fin en soi. Pour Follereau, reconstruire l'Église du Sahara est le moyen de glorifier l'image de la France chrétienne et de l'ancrer solidement en terre africaine. Il s'agit donc là d'une œuvre résolument politique et coloniale. Et cette subtile différence n'est pas anodine. Nous allons la retrouver de façon plus présente encore dans l'aventure de la léproserie d'Adzopé. Mais c'est déjà un autre article ... 
 





Pour être sûr de lire la dernière version de cet article, consulter notre blog ici.

http://follereau-entre-ombre-et-lumiere.over-blog.com/

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10 septembre 2010 5 10 /09 /septembre /2010 12:26

 

Message 20 janvier 2011

Retrouvez cet article mis à jour dans notre livre PDF gratuit.

 

 

Avec un patrimoine d'au moins 20 millions d'euros, la Fondation Raoul Follereau est une entreprise qui ne connait pas la crise.

 

Son fondateur, Raoul Follereau, fustigeait "l'égoïsme des riches et des puissants" ? Qu'à cela ne tienne, la Fondation Raoul Follereau capitalise massivement quitte à faire attendre les urgences de l'humanitaire. Mais les donateurs savent-ils qu'une partie de leur argent est discrètement placée en immeubles de rapport ou en Sicav boursières ?

 

Enquête sur une pratique financière pour le moins choquante.

 

 

Rapport annuel 2009 du groupe combiné Fondation Raoul Follereau : 19,6 millions d'euros de fonds propres

 

Pour trouver l'information, il ne faut pas aller bien loin. Il suffit de lire le rapport annuel que la Fondation Raoul Follereau adresse chaque année à ses donateurs et sympathisants. Il est également disponible sur le site http://www.diocese-frejus-toulon.com/IMG/jpg/RaoulFollereau.jpginternet de la Fondation, ici. Ce document sera utilement complété par le rapport du commissaire aux comptes (ici) dont la diffusion sur internet est désormais obligatoire (comme quoi, le besoin de transparence dans le monde de l'humanitaire n'est pas qu'une lubie !)

 

Le problème, c'est que ce genre de document finit à la poubelle plus vite qu'il ne faut pour le dire. Ceux qui se plongent dans les comptes d'une association ne sont pas nombreux. Tout d'abord, il faut un minimum de notions comptables et financières pour comprendre quelque chose dans ces tableaux abscons, ensuite, farfouiller dans les comptes témoignerait d'un manque de confiance. Or, lorsqu'on a pas confiance, on ne donne pas. La boucle est bouclée: on ne donne qu'à ceux en qui on a confiance et lorsqu'on a confiance, on ne regarde pas les comptes.

 

 

Que peut-on lire dans le rapport annuel 2009 de la Fondation Raoul Follereau ?

 

http://money.unblog.fr/files/2007/10/500euro.jpg

Et bien que le groupe Fondation Raoul Follereau se porte bien : avec plus de 19,6 millions d'euros de fonds propres, il serait difficile de prétendre le contraire. Un joli petit paquet d'argent à gérer. Sur ce point, on peut faire confiance à la Fondation Raoul Follereau : elle dispose du top management sur ce point. Pour s'en convaincre, il suffit de lire la composition de son conseil de surveillance.

 

Vous pensiez que la Fondation Raoul Follereau travaillait dans le domaine de l'humanitaire et de la santé ? Vous auriez trouvé logique qu'une majorité des membres du conseil de surveillance soient des médecins, des professeurs, des chercheurs, des acteurs de l'humanitaire, des religieux qui ont brillé sur le terrain ? Tssss ... tssss ... tssss ... vous n'avez pas encore compris les règles du charity business.

 

Le conseil de surveillance de la Fondation Raoul Follereau compte 12 personnes. Sur ces douze personnes, trois sont fonctionnaires, désignés par l'État. C'est la loi. Les neuf autres sont banquiers en gestion de fortune, directeur financier, gérant de société, directeur de sociétés immobilières, agent d'assurances, juriste, ingénieur en bâtiment et ... quand même ... un médecin généraliste.

 

Autant vous dire que ces gens-là savent placer l'argent dont ils disposent : les 19,6 millions d'euros sont entre de bonnes mains. Mais n'aurait-il pas mieux valu que ces mains soient celles des lépreux ?

 

 

Des placements financiers et la trésorerie pour 13,3 millions d'euros

 

http://a34.idata.over-blog.com/300x225/3/38/03/78/SICAV-et-FCP.jpg

Tout d'abord, le groupe Fondation Raoul Follereau dispose de 1,2 millions d'euros de disponibilités. Autrement dit, des liquidités immédiatement disponibles. En bref, du cash sur un compte courant.

 

Mais l'essentiel n'est pas là : le groupe Fondation Raoul Follereau dispose d'un peu plus de 12,1 millions d'euros placés en actions, obligations, sicav et autres fcp.


Qui aurait cru que les fondations reconnues d'utilité publique faisant appel à la générosité publique pouvaient jouer leur argent en Bourse ?...

 

 

Des placements immobiliers pour une valeur d'achat de 7,5 millions d'euros

 

En bon père de famille, il faut diversifier ses placements. Tous les gérants de patrimoine vous le diront. Mais il existe dans notre esprit comme un bruit de larsen losqu'on essaie de faire rimer humanitaire avec patrimoine.

 

http://www.defiscalisationderobien.com/investissement-en-dur-contre-investissement-dans-le-pierre-papier-19052010.jpgMais revenons à nos comptes : en ce qui concerne les actifs immobiliers, contrairement aux actifs financiers, le rapport du commissaire aux comptes précise que leur valeur réelle est inconnue : nous ne disposons que des valeurs d'achat.

 

Concrètement, cela signifie que les 19,6 millions d'euros de fonds propres ne tiennent pas compte des plus-values latentes qui courent sur les immeubles.

 

Selon les comptes, le groupe Fondation Raoul Follereau dispose d'immeubles pour un prix d'achat de 7,5 millions d'euros. Là-dedans, il y aurait des biens immobiliers situés en Afrique ainsi que des immeubles de placement ou de rapport situés en France. Autrement dit, des investissements locatifs.

 

Existe-t-il une liste publique des biens immobiliers détenus par la Fondation Raoul Follereau ? Pas à notre connaissance. Nous trouvons cela bien regrettable. Il serait intéressant de savoir qui sont les locataires et comment sont calculés les loyers. Simple démarche de prudence : les casseroles immobilières de la Mairie de Paris ne sont pas si loin ... N'est-ce pas cela, la transparence ?

 

Revenons à nos immeubles et à leur valorisation : compte tenu des plus-values latentes potentielles, la valeur réelle de ces biens immobiliers peut être beaucoup plus élevée. L'évaluation des fonds propres à 19,6 millions doit donc être comprise comme un chiffre a minima : les fonds propres réels sont probablement plus importants.

 

 

Et pendant ce temps-là ...

 

Soyons clairs : la loi n'interdit pas aux organisations humanitaires de posséder un patrimoine de plus de 20 millions d'euros investi dans la pierre et sur les marchés financiers. La loi. Mais qu'en pense la décence ?

 

 

http://www.raoul-follereau.org/images/stories/jml_site.jpgLa Journée Mondiale des Lépreux

 

Chaque année, la Fondation Raoul Follereau communique à grands renforts de panneaux publicitaires à l'occasion de la Journée Mondiale des Lépreux, le dernier week-end du mois de janvier.

 

Durant plusieurs jours, des milliers de bénévoles arpentent les trottoirs, les parvis d'églises, les parkings de supermarché et les rues piétonnes pour solliciter la générosité des passants. Pour les lépreux.

 

 Avec quelques photos chocs. Et des phrases qui ne le sont pas moins.


"Avec deux euros, on soigne un lépreux pendant un mois."

"Avec une poignée de nos euros, on nourrit un lépreux et sa famille pendant toute une vie."

"Quelques euros suffisent pour changer la vie d'un malheureux."

 

Selon la Fondation Raoul Follereau, plus de 35.000 bénévoles participent à cette gigantesque quête de Charité. Pour la Fondation Raoul Follereau, c'est LE moment capital dans l'année.

 

 

Combien rapporte la Journée Mondiale des Lépreux ? 

 

 En janvier 2009, la Journée Mondiale des Lépreux avait rapporté 1,1 million d'euros. Mais c'est sans compter les dépenses engagées à cette occasion. Les comptes 2009 ne le précisent pas, mais ceux de 2008 (ici) indiquent que la Fondation Raoul Follereau avait dépensé plus de 504.000 euros en dépenses de communication pour la Journée Mondiale des Lépreux. En 2007 (ici), les dépenses s'élevaient à plus de 535.000. En 2006 (ici), elles excédaient 528.000 euros.

 

Concrètement, cela signifie que chaque année, plus de 35.000 bénévoles sollicitent pendant deux ou trois jours la générosite de 60 millions de Français pour un bénéfice net annuel d'environ 600.000 euros.

 

Merci à la générosité des Français. Mais que penser de la Fondation Raoul Follereau lorsque elle invite les Français à la générosité ... alors qu'elle-même met de côté 20 millions d'euros de fonds propres investis en immobilier et sur les places financières ?

 

Ou comment transformer un geste d'Amour (voir le slogan de la JML 2007) ... en geste d'épargne ...

 

N'y a-t-il donc personne, à la Fondation Raoul Follereau pour leur rappeler que lorsqu'un donateur leur confie son argent, c'est avant tout pour aider un lépreux et non pour investir dans une Sicav ou un Fcp ?

 

N'y a-t-il donc personne, à la Fondation Raoul Follereau, pour leur dire qu'il est indécent de prétendre lutter contre les urgences humanitaires de ce monde tout en capitalisant soi-même des sommes aussi importantes ?

 

 

Un air de déjà vu

 

Notre analyse est loin d'être isolée.

 

Déjà, dans le rapport de l'IGAS de 2002 qui était extrêmement critique sur les méthodes de gestion de la Fondation Raoul Follereau, la mise en réserves de fonds destinés à des opérations de terrain avait été pointée du doigt (La Vie s'en était fait l'écho ici, par exemple).


Sans grand succès, apparemment.

 

En attendant que cet argent qui leur est du leur parvienne, les lépreux, eux, ils espèrent.

Que la Bourse ou le marché de l'immobilier ne s'effondrent pas.

 

 

 

Pour être sûr de lire la dernière version de cet article, consulter notre blog ici.

http://follereau-entre-ombre-et-lumiere.over-blog.com/ 

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27 août 2010 5 27 /08 /août /2010 14:31

 

Message 20 janvier 2011

Retrouvez cet article mis à jour dans notre livre PDF gratuit.

 

 

 

"N'importe quel mensonge, à force d'être répété, finit par être cru"

 

 

 

http://aimer-agir.ch/images/photos_diverses/raoulfollereau.jpgLors de nos articles précédents, nous avons longuement exposé la vie cachée de Raoul Follereau, plus particulièrement celle antérieure à la seconde guerre mondiale, ainsi que la nature des convictions politiques qu'il a conservées tout au long de sa vie.

 

Dans ce nouvel article nous allons exposer comment Raoul Follereau s'est doté, à partir de 1958, d'un passé aussi vertueux que factice, faisant croire qu'il a consacré sa vie, prioritairement à toute autre occupation, à la défense des lépreux.

 

Nous allons donc démontrer, preuves à l'appui, que l'épisode de la rencontre, dans le désert du Sahara, entre Raoul et Madeleine Follereau et des lépreux relève d'une légende savamment orchestrée par Raoul Follereau en personne, légende qu'il narrera à chaque fois qu'il le pourra.

 

Encore aujourd'hui, la Fondation Raoul Follereau n'hésite pas à diffuser massivement ce mythe de l'homme "qui a consacré toute sa vie pour les lépreux".

 

http://supertadeboulogne.mejistes.fr/images/blogs/3253.jpgNous agissons ainsi en pensant aux salariés de la Fondation mais plus particulièrement encore aux dizaines de milliers de bénévoles, de donateurs et de sympathisants qui pensent, de toute bonne foi, contribuer à l'œuvre d'un homme qui prétendait avoir consacré sa vie pour les lépreux alors qu'en réalité, Raoul Follereau fut, au moins entre son vingtième et quarantième anniversaire, le promoteur des conceptions pétainistes et maurrassiennes d'une France (très) blanche, (très) catholique et (très) peu républicaine.

 

Nous livrons nos pièces à conviction à nos lecteurs qui seront seuls juges : il vous appartiendra de vous faire votre propre intime conviction et de répondre à la question suivante : Raoul Follereau fut-il, ou non, un faussaire de sa propre Histoire ?

 

Faussaire : personne qui commet une atteinte à la confiance publique en réalisant un faux

(© www.larousse.fr)

 

 

 

Rappels de la vie de Raoul Follereau, entre 1920 et 1943

 

Pour alimenter cette partie de notre article, nous nous sommes partiellement basés sur les travaux exposés par Étienne Thévenin dans sa biographie Raoul Follereau, Hier et aujourdhui ainsi que sur les éléments contenus dans Les Œuvres complètes de Raoul Follereau commentées par André Récipon.

 

Nous avons complétés voire corrigés ces éléments par les documents probants que nous avons pu retrouver sur internet. Dans la mesure du possible, la source est systématiquement citée. Pour le reste, nous renvoyons à nos articles déjà disponibles sur notre blog.

 

http://a21.idata.over-blog.com/0/56/18/16/maurras.jpgEn septembre 1920, Raoul Follereau quitte Nevers où il est né dix-sept ans plus tôt pour Paris. Il s'inscrit en facultés de droit et de philosophie. À cette époque, L'Action française, le mouvement monarchiste de Charles Maurras règne en maître dans le quartier latin. Raoul Follereau devient alors un inconditionnel du théoricien du "nationalisme intégral" (voir notre article sur ce sujet ici). Cet engouement pour le maurrassisme durera toute sa vie : Raoul Follereau ira même jusqu'à faire graver une citation de Charles Maurras sur sa sépulture (voir la photo de sa tombe ici).



 


 

Extrait du téléfilm Au Plaisir de Dieu sur les Camelots du Roi au début du XXème siècle

 

 

Fin 1920, Raoul Follereau fonde, avec quelques amis poètes, comme lui, un cercle littéraire intitulé La Jeune Académie. Dans le courant des années 1930, cette association disposera même d'une librairie et d'une troupe de théâtre. L'objectif de Raoul Follereau est de promouvoir le Lyrisme et l'Idéal dont l'absence serait, selon lui, "une des causes de la tristesse et de l'inquiétude de la jeunesse" (ici). Par le terme "Idéal", Raoul Follereau désigne en même temps la Foi (dans une acceptation proto-nationale-catholique c'est à dire à la fois catholique ultramontaine et nationaliste, en opposition radicale avec la séparation de l'Église et de l'État et au laïcisme qui en découle) et le Patriotisme (par opposition aux apatrides et autres internationalismes) (voir notre article sur le sujet ici).

 

Pendant toutes les années 1920 et au moins jusqu'au milieu des années 1930, Raoul Follereau tente de se faire connaître comme poète et auteur (par exemple, ici en avril 1921, ici en avril 1923 ou ici en avril 1926). Cependant, ses pièces de théâtre et ses recueils de poésie seront uniquement édités par La Jeune Académie dont il assure la direction. Il développe par ailleurs d'incontestables talents de conférencier.


En 1923, Raoul Follereau obtient ses licences de philosophie et de droit ; il part en septembre effectuer son service militaire en Allemagne. Précédemment, le 10 juin, il avait animé une conférence à l'Hôtel des Sociétés Savantes intitulée Dieu est Amour (ici).

 

Le 22 juin 1925, Raoul Follereau épouse Madeleine Boudou à Nevers.

http://www.journaux-originaux.com/Files/28809/Img/10/intransigeant-1930.JPGIl s'inscrit à Paris à la conférence du stage pour exercer la profession d'avocat mais renonce assez rapidement. Peu après, Raoul Follereau entre comme secrétaire de rédaction (c'est-à-dire adjoint du rédacteur en chef) au quotidien du soir L'Intransigeant. Ce quotidien qui fut farouchement antidreyfusard à l'époque de l'Affaire est un quotidien important dans le paysage de la presse française des années 1920. Sa ligne éditoriale est foncièrement droitière et très nationaliste, "ce qui convient assez bien à Raoul Follereau" écrit Thévenin.


Pour son voyage de noces, Raoul Follereau emmène son épouse Madeleine en Italie du Nord. Depuis 1922, le régime italien a basculé dans le fascisme sous la férule de Benito Mussolini. Raoul Follereau, converti aux vertus de la civilisation latine promue par Charles Maurras depuis le retour de ce dernier des premiers jeux olympiques modernes de 1896 à Athènes, s'enthousiasme pour le dictateur italien et multiplie les voyages en Italie et les actes d'allégeance vis-à-vis du Duce (voir notre article ici).http://www.iut.univ-lille3.fr/infocom/magic/wp-content/uploads/2010/01/mussolini.jpg

 

Entre mai 1926 et octobre 1927, Raoul Follereau est chroniqueur dans un mensuel des sorties parisiennes La Rampe (par exemple, ici).

 

Début 1927, Raoul Follereau franchit une étape capitale dans son parcours : il fonde avec quelques amis la Ligue d'Union latine pour "défendre la civilisation chrétienne contre toutes les barbaries et tous les paganismes". Parmi ces amis se trouvent Michel Rameaud, futur beau-père d'André Récipon ainsi qu'un certain Germain Ducaud qui deviendra plus célèbre sous le nom d'abbé François Ducaud-Bourget, figure de l'intégrisme catholique lefebvriste organisateur de la prise par la force de l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet (Lettre ouverte à Mathilde, André Récipon, Pierre Téqui Éditeur, page 27). Aujourd'hui, la Fondation Raoul Follereau présente la Ligue d'Union latine comme une officine littéraire dont la tâche aurait été exclusivement limitée à l'édition d'œuvres d'auteurs injustement méconnus. Ce faisant, elle escamote habillement la nature première de La Ligue d'Union latine qui fut avant tout un organe de propagande au services des conceptions politiques nationales-catholiques de son fondateur. Selon Raoul Follereau, qui ne croit pas à l'égalité républicaine, les poètes et les artistes constituent une élite qui doit diriger le peuple (voir notre article ici et la presse de l'époque qui indique ici que la Ligue d'Union latine a pour but d'"unir et fédérer les élites latines pour la défense et la gloire de leur civilisation"). Selon Raoul Follereau, la France, fille aînée de l'Église, doit être LE phare catholique et chrétien de l'humanité. Le reste n'est qu'"Anti-France". Dans ses éditos, Raoul Follereau décline ainsi ses convictions ultranationalistes et cléricales.

 

À partir de 1927, Raoul Follereau mutliplie les conférences, en France et à l'étranger, au cours desquelles il promeut sa conception de la latinité qui présente un sérieux avant-goût de pétainisme : Ordre, Dieu, Travail, Famille, Patrie (notamment Faudra-t-il arracher les cordes de la lyre ? ou Le sourire de la France). Il organise également, telle une agence de voyage, des "voyages d'étude et de propagande française et d'Union latine" dans divers pays d'Europe latine et centrale (par exemple, publicité ici ou ici pour un voyage en Europe centrale datée d'avril 1930, ici, en avril 1933, publicité pour des voyages organisés "aux trois grands foyers de notre race" : Grèce, Espagne, Italie).

 

À partir d'octobre 1930, c'est en Amérique du Sud qu'il entreprend de nombreux voyages "de propagande française". À l'époque, ces pays d'Amérique du Sud et d'Amérique centrale s'éveillent politiquement et, tout comme la majeure partie des pays d'Europe, sont secoués par des soubresauts militaires et ultranationalistes (voir notre article ici). Il s'investit particulièrement dans une action de propagande "nationale et catholique" intitulée L'Œuvre du livre français à l'étranger qui consiste à collecter des fonds afin de financer l'envoi à l'étranger d'ouvrages littéraires "sélectionnés pour leur moralité" et leur conformité à l'idéal que défend Raoul Follereau (ici, mention en janvier 1931 d'une "œuvre de propagande nationale et catholique", ici, mention en avril 1931 d'"ouvrages dignes de la France et soigneusement sélectionnés quant à leur valeur et à leur moralité" ; ici, mention en octobre 1931 d'"ouvrages soigneusement choisis d'un point de vue national et moral").

 

Pendant l'hiver 1931, Raoul Follereau dispense des "cours de culture latine" à l'École de Psychologie de Paris (ici).

 

Dans le courant des années 1930, Raoul Follereau poursuit ses travaux littéraires et ses conférences : par exemple, sa Jeune Académie publie en 1933 son quatrième ouvrage de poésie Les Îles de Miséricorde (ici ou ici). En 1934, des pièces de théâtre de Raoul Follereau sont diffusées sur Radio Alger ("Notre bel Amour" ici et "Les nouveaux chevaliers" ici). Raoul Follereau organise également des concerts au cours desquels il intervient (ici), entre autres conférences (ici). Raoul Follereau y est référencé dans l'annuaire de la société des Orateurs-Conférenciers. 

 

Ses activités de la défense de la civilisation latine se poursuivent également : par exemple il tient en novembre 1935 une conférence sur la place de la France dans le monde (ici) ; en octobre 1935, il signe un article dans la revue "Le Front Latin" qui est une association de "combat pour la sauvegarde de la culture latine à travers le monde" (ici).

 

http://souvenirs-de-mer.blogdns.net/IMG/png/Salazar_1889_1970.pngSur le plan politique, Raoul Follereau approuve la prise de pouvoir au Portugal de Salazar et l'instauration, en 1933, de  l'Estado Novo, régime autoritaire fortement inspiré par la doctrine maurassienne. À la même période, Raoul Follereau se reconnait dans l'austrofascisme du chancelier autrichien, Engelbert Dollfuss. De façon générale, Raoul Follereau éprouve de la sympathie à l'égard des mouvements politiques (européens ou sud-américains) pourvu qu'ils soient antibolcheviques, nationalistes et catholiques. Raoul Follereau y reconnait des signes de sa conception de la latinité.

 

Son attachement pour le dictateur italien Mussolini s'est amplifié depuis le milieu des années 1920 et Raoul Follereau s'engage résolument en faveur de l'Italie fasciste après l'invasion, par cette dernière, du dernier pays non colonisé d'Afrique : le royaume d'Éthiopie (1935) (voir notre article ici). Il multiplie à cette fin les initiatives : éditos dans L'Œuvre latine, pétitions, ...

 

L'année 1936 est un virage pour Raoul Follereau. Pour au moins deux séries de raisons.

 

http://www.blog-catholique.com/dotclear/public/charles_de_foucauld.jpgD'un point de vue "spirituel", Raoul Follereau découvre Charles de Foucauld. Il faut savoir qu'à l'époque, les catholiques se divisent à propos de Charles de Foucauld. Tandis que les uns y voient un ermite mystique, témoin de la fraternité universelle (par exemple Louis Massignon ou René Voillaume), d'autres y voient l'ancien officier militaire, missionnaire nationaliste et adepte d'une colonisation chrétienne dans une Algérie française. (Georges Gorrée, par exemple). Cette deuxième facette correspond bien à Raoul Follereau qui transforme alors en 1937 sa Ligue d'Union latine en Fondations Charles de Foucauld. Raoul Follereau se donne alors pour mission de collecter des fonds afin de reconstruire "l'Église du Sahara" afin de "glorifier le visage de la France chrétienne". Certains, cependant, s'émeuvent de ce qu'ils estiment être un détournement de la notoriété et de l'image de Charles de Foucauld dans un but excessivement nationaliste plutôt que spirituel : dix ans plus tard, en 1948, Louis Massignon réclamera (et finira par obtenir) que Raoul Follereau cessât d'utiliser le nom de Charles de Foucauld pour ses "œuvres". La Fondations Charles de Foucauld se renommera alors en Ordre de la Charité.

 

http://artair.canalblog.com/images/franco.jpgD'un point de vue politique, Raoul Follereau subit en 1936 deux évènements majeurs : l'avènement du Front Populaire en France et la guerre civile en Espagne. Léon Blum incarne toute l'Anti-France à lui tout seul : juif, socialiste (ce qui, aux yeux de Raoul Follereau, n'est guère différent de bolchevique) et franc-maçon. La guerre civile espagnole, quant à elle, est la concrétisation du choc des civiliations (chrétienne versus paganismes et autres barbaries) auquel Raoul Follereau se prépare depuis dix années avec sa Ligue d'Union latine. Raoul Follereau vit cette période comme une véritable guerre sainte dans laquelle il engage toutes ses forces.

 

http://img696.imageshack.us/img696/5022/lp19330606001.jpgC'est à cette période que Raoul Follereau travaille alors et collabore avec des antisémites notoires, tels ceux du journal La Libre Parole et du Centre de Documentation et de Propagande : Henry Coston, Henri-Robert Petit, Jacques Ditte , Comte Armand Chastenet de Puysegur et autres Louis Darquier de Pellepoix (voir notre article ici). Dans ce contexte, Raoul Follereau intervient à de nombreuses reprises en Algérie française, et plus particulièrement en Oranie. Non seulement l'antisémitisme y est très répandu depuis le décret Crémieux de 1870, mais en plus, l'Oranie est composée d'une partie très importante de "néos", ces Espagnols devenus citoyens Français qui sont très sensibles au sort de leur patrie d'origine. Raoul Follereau muliplie les conférences à plusieurs périodes (vingt-cinq pour le seul mois de décembre 1936). Dans la ville de Tiaret, par exemple, le journal local relate que Raoul Follereau "part en croisade contre tout ce qui est l'Anti-France" et plus particulièrement contre "ces oiseaux de proie" venus "s'abattre sur la France", ces "financiers internationaux qui sont de partout et de nulle part et dont le porte-monnaie remplace le coeur et qui forment la société du Komintern" (voir notre article ici).

 

http://www.temoins-amour-esperance.org/Francais/Messages_fichiers/Biographies/MereEugenia_fichiers/EUGENIA.JPGC'est aussi à cette période (1936) que Raoul Follereau fait connaissance avec les soeurs de Notre Dame des Apôtres, celles qui, plusieurs années plus tard, mettront Raoul Follereau sur les rails de la bataille de la lèpre. Mais jusqu'en 1943, de lépreux, il n'en est jamais question dans la vie de Follereau.

 

Jusqu'en septembre 1939, la vie de Raoul Follereau poursuit son cours, alternant entre voyages de propagande française et autre promotion de la latinité. Quelques semaines avant la seconde guerre mondiale, Raoul Follereau part en Amérique du Sud pour un nouveau cycle de conférences.

 

En septembre 1939, Raoul Follereau a trente-six ans et nulle trace d'actions ou d'initiatives en faveur des lépreux. Ce qui fait dire à Étienne Thévenin (page 139) : "jusqu'à là, la vie de Raoul Follereau était très éloignée de celle d'un apôtre des lépreux". Nous sommes bien d'accord.


http://www.histoire-de-france-et-d-ailleurs.com/images/AffichePetain.jpgÀ partir de juin 1940, Raoul Follereau s'engage résolument aux côtés du Maréchal Pétain dans une forme de collaboration implicite avec le régime de Vichy : il parcourt villes et villages de la France non occupée afin de promouvoir les principes moraux de la Révolution Nationale de l'État français et l'unité autour du Maréchal Pétain (voir notre article ici).

 

Le 15 avril 1943, Raoul Follereau anime à Annecy une conférence "Ce que le monde doit à la France" dont les bénéfices sont destinés au financement d'une léproserie en Côte d'Ivoire. C'est à cette date que, pour la première fois de sa vie, Raoul Follereau entreprend quelque chose en faveur des lépreux. Il a un peu moins de 40 ans. Néanmoins, c'est loin d'être une exclusive. Le financement d'Adzopé est une des causes soutenues (et non la seule) à l'occasion de ces conférences organisées sous l'égide de l'Heure des pauvres.


 

 

L'invention du mythe de "l'homme qui a consacré sa vie pour les lépreux"

 

Dans la première partie de cet article, nous avons exposé les principaux moments de la vie de Raoul Follereau entre son arrivée à Paris en 1920 et le 15 avril 1943, date de sa première initiative connue en faveur des lépreux.

 

Nous allons maintenant effectuer un bond de quinze ans en avant. Nous sommes à Tokyo, en 1958. Raoul Follereau participe alors au VIIème Congrès International de la Lèpre. Jusqu'ici, rien que de très ordinaire : Raoul Follereau est un conférencier hors-pair : c'est un métier qu'il maitrise largement. Depuis le début des années 1950 (la découverte des sulfones pour soigner les lépreux), il enchaîne les réunions publiques et les initiatives en faveur des lépreux, avec beaucoup de succès.

 

http://www.mollat.com/cache/Couvertures/9782740309957.jpgMais ce soir-là, un élément nouveau va apparaître dans l'historiographie de Raoul Follereau. Car ce soir-là, pour la première fois de sa vie, Raoul Follereau raconte un épisode jusqu'à lors inédit de sa vie : sa conversion en faveur des lépreux à l'occasion d'une rencontre, un jour, dans le désert du Sahara (Les Œuvres complètes de Raoul Follereau, Les Livres B, page 275).

 

Nous avons la chance exceptionnelle de bénéficier de deux enregistrements de Raoul Follereau narrant cet épisode :

- le premier date du 28 janvier 1968, diffusé par la Télévision Suisse Romande (version intégrale ici) ;

- le second a été diffusé le jour du décès de Raoul Follereau, le 6 décembre 1977 ; sa date d'enregistrement effective n'est pas mentionnée mais cela importe peu pour notre démonstration (version vidéo ici).

 

L'histoire est toute simple : alors qu'il réalisait un reportage dans le désert, sur les pas du Père Charles de Foucauld, pour le compte d'un grand quotidien de Bueno Aires, La Nación, Raoul Follereau tombe en panne d'auto. Et pendant que le guide fait le nécessaire, des hommes décharnés surgissent de nulle part. Raoul Follereau s'inquiète alors de qui sont ces hommes. "Des lépreux" lui répond-on. En quelques questions, Raoul Follereau découvre alors le sort dramatique de ces pauvres hères condamnés au rejet social et à l'errance. Et c'est ce jour-là, affirme Raoul Follereau, qu'il décida de ne plaider qu'une seule cause, celle des lépreux :

 

"(...) et c'est ce jour-là que j'ai décidé de consacrer ma vie à ces millions d'hommes que notre ignorance  pour la plupart du tout, mais aussi, il faut le dire, notre égoïsme et notre lâcheté ont fait des lépreux."

 

"(...) et c'est ce jour-là que je me suis décidé à ne plus plaider qu'une cause, une seule cause pour toute ma vie, celle de ces millions d'êtres que notre ignorance, mais aussi, il faut le dire, notre égoïsme et notre lâcheté ont fait des lépreux."

 

Et quand a eu lieu cet épisode digne de Saül qui tombe de cheval, ébloui par le Saint-Esprit ?

Selon Raoul Follereau, entre 1923 et 1928. Les dates se bousculent mais les faits qu'il mentionne sont là pour témoigner : il avait 25 ans (1928), il venait de se marier (1925) et se destinait à devenir un avocat et journaliste (1923) :


- "Il y a quarante ans, dans quelques semaines (...)" => l'émission date de janvier 1968, soit aux alentours de 1928,

- "j'ai commencé en 1935, (...) j'avais fait des études et je me préparai à une carrière d'avocat (1923) et de journaliste, aussi (...) je venais de me marier (1925), j'avais 25 ans (1928) (...)"


Raoul Follereau va alors mutliplier les références, écrites ou orales, à cet épisode fondateur qui aurait orienté toute sa vie. Selon les sources, la fixation de la date ne sera jamais très précise : elle évolue de la fin des années 1920 au milieu des années trente :

 

- 19 octobre 1963, lors d'une conférence Une bataille pas comme les autres, Raoul Follereau fait remonter la date de son récit à "trente ans", puis répètent à plusieurs reprises "trente ans" ou "trente années" pendant lesquelles "il a passé sa vie à aimer les lépreux" (Les Œuvres complètes de Raoul Follereau, Les Livres B, page 14) (1963 - 30 = 1933) ;

 

- En 1962, Raoul Follereau écrit un appel à la jeunesse dans lequel il écrit "J'avais à peine dépassé votre âge quand j'ai engagé la Bataille de la Lèpre (...) Durant trente ans, je me suis efforcé d'empêcher les responsables de dormir. Aujourd'hui deux millions de lépreux sont guéris" (1962 - 30 : 1932) (Les Appels page 86) ;


- fin 1966, Raoul Follereau publie La seule vérité, c'est de s'aimer ; le premier tome commence ainsi : "Quarante années de lutte. Au début, seul ou presque. Deux millions de kilomètres parcourus (...) Cent deux pays visités (...), Deux milliards de nos vieux francs distribués (...). Ce fut le bilan de mon existence" (1966 - 40 = 1926) ;

 

- dans le tome 2 du même ouvrage, page 393, il rapporte un article de presse, écrit en 1965, qui commence ainsi : "la Bataille de la lèpre qu'il y a trente ans, Raoul Follereau engageait dans le monde et qu'il poursuivit, presque seul (...)" (1965 - 30 = 1935) ;

 

- page suivante, Raoul Follereau écrit : "après trente ans de lutte contre la lèpre, isolé parfois mais jamais las, simplement, sûrement, j'ai le droit de dire : la bataille est gagnée" (1966 - 30 = 1936) ;

 

- page 404, nous lisons "Depuis 1925, Raoul Follereau parcourt le monde, messager de la Charité" ;

 

- page 411, nous lisons un texte de 1960 qui dit "il y a vingt-cinq ans que, vagabond de la Charité, Raoul Follereau parcourt le monde pour visiter les lépreux" (1960 - 25 = 1935) ;

 

- page 413, nous lisons dans un texte daté en 1962 "1956 (...) pour le vingt-cinquième anniversaire de son premier voyage sur les routes de la Charité" (1956 - 25 = 1931), "Sur les routes de la Charité, Raoul Follereau y fut toute sa vie", Raoul Follereau a "durant ces trente années, distribué près de deux milliard d'anciens francs aux pauvres" (1962 - 30 = 1932) ;

 

- page 91 du tome Les Conférences des Œuvres complètes de Raoul Follereau,  André Récipon lui même (fils spirituel de Raoul Follereau, président pendant plus de trente ans de ce qui fut la Fondation Raoul Follereau) fixe la date de la rencontre des lépreux à 1933 puis indique que Raoul Follereau et lui avaient 62 ans à eux deux. Or, Raoul Follereau est né en 1903 et André Récipon est né en 1925 : cela repousse la date de la rencontre des lépreux à ... 1945 ; à noter également que, page 65 du volume Les Appels, André Récipon indique une autre date : 1935 ;

 

- le 2 février 1968, Raoul Follereau présente un texte à l'Académie des sciences d'outre mer intitulé Quarante ans de lutte contre la lèpre et pour les lépreux (1968 - 40 = 1928) ;

 

- en 1978, les éditions Flammarion publient le dernier livre écrit par Raoul Follereau intitulé Cinquante années au services des lépreux, cinquante souvenirs (1977 - 50 = 1927) ;

 

Nous ne sommes pas à deux ou trois années près, mais entre 1925 et 1936, cette volatilité peut surprendre : si Raoul Follereau était sur les traces de Charles de Foucauld pour un reportage pour le compte du journal La Nación , ne suffirait-il pas de retrouver ledit article publié par ce journal ? Malheureusement, cet article semble ne jamais avoir été retrouvé. A-t-il été recherché ? Nous n'en savons rien. Quoiqu'il en soit, ni la Fondation Raoul Follereau, ni Étienne Thévenin n'en font état. Nous pouvons donc légitimement nous poser la question de savoir s'il a existé.

 

Cette volatilité de dates cache surtout un triste réalité : personne ne saurait dire exactement quand elle a eu lieu et seul Raoul Follereau est en mesure d'affirmer qu'elle a effectivement eu lieu. C'est donc parole contre parole. Le problème, c'est que la période de sa vie entre 1920 et 1943 est à l'opposé de ce qu'il prétend avoir été.

 

En effet, les engagements réels de Raoul Follereau de l'époque - que nous n'avons pas à juger, nous nous limitons au fait de les décrire - ne sont tout simplement pas compatibles avec un homme qui prétend n'avoir consacré le reste de sa vie, à compter de ce jour, qu'à la défense des lépreux.

 

Concernant plus particulièrement la date aujourd'hui retenue par la Fondation Raoul Follereau, 1936, celle-ci nous semble particulièrement inadéquate : 1936 correspond malheureusement aux preuves que nous avons exposées démontrant l'antisémitisme de Raoul Follereau. Nous ne pensons pas que la défense des lépreux passe nécessairement par l'antisémitisme et l'antibochevisme viscéral.

 

Enfin, et nous achèverons notre démonstration là-dessus, nous ne sommes pas les seuls à douter de la véracité de cette rencontre de Raoul Follereau avec les lépreux.


http://www.diocese-frejus-toulon.com/IMG/jpg/oeuvreshfdecroixdemalte.jpg

 

Car l'Ordre de Malte, lui aussi, partage nos réserves et nos doutes. Et il n'hésite pas à le dire et à l'écrire, sans être réellement contredit. Et il nous plait de considérer que l'Ordre de Malte présente plus de garanties d'objectivité que les dirigeants de la Fondation Raoul Follereau. Dans le dossier de presse que l'Ordre adresse chaque année aux médias dans le cadre de la Journée Mondiale des Lépreux, l'Ordre de Malte affirme (source ici, page 7), tout comme il le fit à chaque année antérieure :


 

"En 1938, Justin Godard, Président des Œuvres Hospitalières françaises de l'Ordre de Malte, approche un jeune journaliste, un certain Raoul Follereau, pour lui demander de faire, pour le compte des Œuvres Hospitalières, un reportage sur la lèpre en Afrique. Celui-ci, touché par ce qu'il voit, décide de s'engager personnellement dans ce combat."

 

Comme nous pouvons le constater, nous sommes loin du reportage de 1925 demandé par un grand journal argentin sur Charles de Foucauld.

 

 


Un mensonge ? Pour quel mobile ?

 

Après avoir démontré le caractère romancé, total ou partiel, de ce récit de Raoul Follereau sur sa rencontre avec les lépreux, il convient de s'interroger brièvement sur les motifs qui auraient pu pousser Raoul Follereau a procéder ainsi.

 

Différentes pistes de réflexion peuvent être ainsi ouvertes, sans pour autant prétendre apporter une réponse formelle :

 

http://www.weezevent.com/uploads/evenement_fckeditor_files/RF028.jpg- En tout premier lieu, n'oublions pas que Raoul Follereau était un précurseur du marketing caritatif, autrement dit du charity business : certains de ses contemporains furent ulcérés par la démagogie et le populisme qui caractérisent les "coups de com" de Raoul Follereau. Mieux que quiconque, à l'époque, Raoul Follereau use et abuse des arguments ad misericordiam et du pathos. Ce n'est pas pour rien qu'Étienne Thévenin suppose que Raoul Follereau s'est brillamment formé à la psychologie des masses : il savait manier les ficelles de l'émotion de son auditoire, quitte à prendre des libertés avec la réalité. Son objectif est d'ouvrir le cœur, et surtout le porte-monnaie, de ses spectateurs. Cette histoire de la rencontre avec les lépreux est belle, elle est émouvante : le public a envie d'y croire, Raoul Follereau l'a bien compris et il est parfaitement possible d'imaginer qu'il a souhaité privilégier l'efficacité du propos à sa véracité.

 

- De façon plus prosaïque, cela permet à Raoul Follereau, puis à la Fondation Raoul Follereau de gommer le passé antisémite et collaborationniste de Raoul Follereau.

 

- Du même coup, cela permet à Raoul Follereau de se faire passer pour "l'homme qui a consacré sa vie pour les lépreux". D'ailleurs, nous avons retrouvé un extrait démontrant cette affirmation : en 1955, Raoul Follereau affirma, lors d'une conférence intitulée Discours sur la Charité : "Messieurs, toute ma vie d'homme a été consacrée à la défense et au soulagement d'une partie de l'humanité (...) : les lépreux" (Œuvres complètes de Raoul Follereau, les Appels, éditions Fondation Raoul Follereau, page 74). Aujourd'hui, la Fondation Raoul Follereau ne se gêne pas persévérer dans cette lancée, communiquant ainsi sur un Raoul Follereau aseptisé et idéalisé ... un vrai petit produit du marketing caritatif ... bien que non conforme à la réalité historique. 

 

- Accessoirement, cela permet à Raoul Follereau de rompre tout historique avec l'Ordre de Malte qui semble prétendre que Raoul Follereau a initialement travaillé pour les lépreux dans le cadre de l'Ordre avant de se décider à jouer "sa carte perso".

 

 

 

Conclusion

 

Dans cet article, nous n'avons pas souhaité porter un jugement sur le passé de Raoul Follereau. Nous avons notre propre sentiment personnel, nos lecteurs l'auront probablement compris, mais notre blog ne vise pas à critiquer Raoul Follereau pour ce qu'il a été.

 

Notre blog, et cet article en particulier vise à résister à une campagne de désinformation et de propagande qui est contraire à la réalité historique : en souhaitant se faire passer pour "l'homme qui a consacré sa vie pour les lépreux", Raoul Follereau occulte et dissimule les quarante premières années de sa vie et prétend entrer dans l'Histoire pour ce qu'il n'est pas.

 

Être fasciste dans les années trente n'a, à la réflexion, rien d'exceptionnel.

Être pétainiste en 1940 n'a rien d'extraordinaire non plus (1940 : 40 millions de pétainistes, disait Amouroux).

Être antisémite en 1936 n'a, malheureusement, rien de rare dans les milieux catholiques de France de l'époque.

Raoul Follereau fut un homme de son temps et nous en prenons acte, sans juger ni condamner.

 

Mais, entre reconnaître que Raoul Follereau fut un homme de son temps et  faire croire qu'il a été autre chose que ce qu'il fut réellement, il y a un cap que nous refuserons de franchir.

 

Comme le disait Napoléon 1er, "l'Histoire est un mensonge de personne ne conteste". Voilà le rôle de notre blog, notre unique rôle : tenter de préserver l'Histoire d'un de ses faussaires. Quelles qu'aient été ses autres qualités par ailleurs.

 

 

 

 

Pour être sûr de lire la dernière version de cet article, consulter notre blog ici.

http://follereau-entre-ombre-et-lumiere.over-blog.com/ 

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